Veille Ramadan: Marocains courageux contre Ramadan et l’hypocrisie

Pour la deuxième année consécutive des jeunes Marocains lancent une initiative dont le but est de permettre aux gens qui ne veulent pas observer le jeûne de Ramadan (débutant vers le 11 août 2010) de pouvoir manger en public sans être puni. Ils ont créé un groupe facebook que je vous invite à découvrir et à soutenir. Ce groupe s’appelle MALI pour: (M)ouvement (A)lternatif pour les (L)ibertés (I)ndividuelles. Il compte jusqu’à ce jour-ci 2262 membres.

Au Maroc, il est interdit pendant le mois de Ramadan de manger en public. Ceci est punissable en vertu de l’Article 222 du Code pénal marocain qui dit:

“Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du .ramadan, sans motif admis par cette religion, est puni de l’emprisonnement d’un à six mois et d’une amende de 12 à 120 dirhams.”

Ces jeunes marocains mènent un combat non-violent pour la liberté et le respect des droits de l’homme. Et ils ont choisi un symbole fort de la société musulmane pour lancer leur revendication. Leur facebookindique en autres:

“Le mois de Ramadan nous semble représentatif du combat que nous comptons mener dans les mois et les années à venir contre toute forme de ségrégation. Une pression religieuse au sein de notre société et intolérance quant à la (non) croyance d’autrui au nom d’un soi-disant ordre moral. Le système en place devient intransigeant et arrogant, c’est dans l’indignation et la frustration que nous allons nous retrouver autour d’un pique-nique pour construire un monde meilleur, égalitaire et libertaire”.

Mais les autorités politiques et religieuses du Maroc n’entendent pas céder devant leur revendication non-violente. Normal: la religion est l’opium du peuple, et autant le laisser dormir pour qu’il ne dérange pas ces autorités. Ci-après, je produis un article paru dans la revue marocaine TelQuel sur l’arrestation de ces jeunes qui ont osé braver la loi devant la gare de Muhammedia

Les jeunes contre la loi religieuse

Par Ayla Mrabet

Polémique. Ramadan, entre liberté et dérapages

Les membres du groupe MALi, sur les quais de la gare de Mohammedia. (TNIOUNI)
Pour la première fois, des citoyens marocains tentent de faire valoir en public le droit de ne pas faire ramadan. Les autorités menacent de les poursuivre en justice et leur intiative prend, aujourd’hui, les dimensions d’une affaire nationale. Récit.
Dimanche 13 septembre [2009], aux alentours de 13h, un étrange spectacle se déroule sur les quais de la gare de Mohammedia : des policiers en brassard orange éparpillés aux quatre coins de la station, des voyageurs hagards, cherchant à comprendre ce qui se passe, et une
foule de journalistes et de photographes agglutinés autour de… six personnes. “Nous sommes MALI, le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles”, claironne Zineb El Rhazoui, journaliste et instigatrice du mouvement. MALI ? Un groupe Facebook, créé durant le ramadan, qui prône “liberté personnelle”, “liberté de conscience et de culte” et “liberté d’opinion”. “Il s’agit d’un véritable mouvement qui mènera des actions de terrain contre les violations quotidiennes (petites ou grandes) des libertés individuelles des citoyens”, écrit Zineb El Rhazoui, le 24 août, sur le site communautaire. Première action : organiser un pique-nique symbolique, comprenant jeûneurs et non-jeûneurs, en plein jour et pendant le ramadan, pour protester contre l’article 222 du Code pénal : “Celui qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le mois de ramadan, sans motif religieusement admis, encourt une peine d’un à six mois d’emprisonnement et une amende de 12 à 120 DH”.“Circulez, on jeûne ici !”
C’est contre cette disposition légale que Zineb, Ibtissam, Nizar, Ghassan et les autres se sont réunis à la gare de Mohammedia. Un point de rendez-vous avant, prévoyaient-ils, de tenir leur pique-nique symbolique dans une forêt environnante. Parmi eux, des jeûneurs qui comptaient discuter des libertés individuelles, et des non-jeûneurs qui voulaient débattre en mangeant leurs sandwichs. Sauf que la police était sur les quais, prête à cueillir tout le monde à la descente du train. Zineb et Nizar, qui se sont retrouvés dans le train, ont été contrôlés, puis sommés de rebrousser chemin après avoir été pris en photo et fouillés. Pièces à conviction : “du pain et du feqqas”, raconte l’un des membres de MALI. Ghassan, 21 ans, est arrivé bien plus tôt sur les lieux. “A 11h30, il y avait déjà un déploiement de près de 100 policiers, en tenue et en civil, aux alentours de la gare”, précise le jeune homme. Ibtissam, instigatrice du mouvement aux côtés de Zineb, dit avoir été houspillée et insultée par les policiers. Les six membres de MALI présents sur les quais ont ensuite été séparés en deux groupes, avant de recevoir l’ordre de quitter les lieux. A 14h, les six reprennent ensemble le train vers Casablanca, escortés de deux policiers en civil. “Toute cette histoire va faire beaucoup de bruit”, commente Zineb, assaillie de coups de fil de journalistes. A ce moment-là, aucun des membres de MALI n’imagine qu’il sera poursuivi.Le débat est lancé
Mais dès le lendemain, l’affaire est relatée dans la presse nationale et internationale. La MAP, quant à elle, se fend d’une dépêche se félicitant de la “mise en échec à Mohammedia d’une tentative de rupture publique du jeûne”, et annonçant que les membres de MALI seront “poursuivis en justice conformément à la procédure en vigueur”. Le soir même, c’est le Conseil des ouléma de Mohammedia qui condamne “les agitateurs” et leur “acte odieux”. Alors que des voix s’élèvent sur la scène politique (le PAM et l’UC ont été les premiers partis à réagir) pour condamner les “provocateurs”, des défenseurs respectés des droits de l’homme (Abdelhamid Amine de l’AMDH et Amina Bouayach de l’OMDH) appellent, eux, à la réforme de l’article 222 du Code pénal, considéré comme attentatoire aux libertés individuelles. Après convocation, Zineb El Rhazoui s’est rendue, le 17 septembre, à la police judiciaire de Mohammedia. “Elle n’a pas rompu le jeûne en public, rien ne justifie une arrestation ou une action en justice contre elle”, martèle son avocat, le bâtonnier Abderrahim Jamaï. L’Association marocaine des droits de l’homme a publié le jour même un communiqué, pour faire part de son extrême inquiétude et exprimer son soutien aux citoyens convoqués. Elle a aussi épinglé le ton du communiqué publié par la MAP, “qui incite à la violence” selon l’AMDH. Le débat ne fait que s’ouvrir, et pas seulement entre les amateurs de Facebook. Il rebondira sans doute si les six de MALI passent effectivement devant un juge.

Quelques sondages intéressants

La Vie économique du Maroc a publié des sondages sur différentes questions social

es dont je choisis les données suivantes:

Durant le mois de Ramadan, pensez-vous que votre productivité au travail :
Je ne jeûne pas.  51.23 % – 1359 Votes
Est nettement en baisse par rapport à la normale.  31.44 % – 834 Votes
Reste la même.  10.10 % – 268 Votes
Au contraire, je travaille mieux.  7.24 % – 192 Votes
Etes-vous pour ou contre le port de la burqa ?
Contre.  68.21 % – 457 Votes
Pour.  31.79 % – 213 Votes
Aïd al adha approche. Allez-vous sacrifier le mouton ?
Oui, parce que je l’ai toujours fait.  63.44 % – 682 Votes
Oui, je compte le faire cette année.  16.09 % – 173 Votes
Non, pas cette année.  11.44 % – 123 Votes
Non, parce que je ne l’ai jamais fait.  9.02 % – 97 Votes
Le code pénal au Maroc prévoit des peines de prison pour les personnes qui, durant le mois de ramadan, mangent en public. Pensez vous qu’il faut :
Maintenir ces peines.  69.96 % – 729 Votes
Dépénaliser cet acte.  22.74 % – 237 Votes
Annuler ces peines et les remplacer par des amendes.  7.29 % – 76 Votes
Qu’est ce qui est, à votre avis, le plus difficile à supporter durant le mois de ramadan ?
Le manque de sommeil.  49.46 % – 506 Votes
L’agressivité des gens “Tramdine” (qui font le ramadan)  31.28 % – 320 Votes
La soif.  16.52 % – 169 Votes
La faim.  2.74 % – 28 Votes
Etes-vous pour ou contre les mariages mixtes ?
Contre  45.41 % – 396 Votes
Pour  32.00 % – 279 Votes
Ça dépend de la religion du conjoint étranger  22.59 % – 197 Votes
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