Altération du Coran (tahrif al-qur’an) – texte et vidéo

Altération des Livres sacrés des juifs et des chrétiens

Les musulmans répètent que les Livres sacrés des juifs et des chrétiens ont été altérés par leurs autorités religieuses respectives. Ils s’appuient sur plusieurs versets du Coran que nous citons en utilisant notre traduction:

2:75. Convoitez-vous donc qu’ils vous croient, bien qu’un groupe parmi eux écoutait les paroles de Dieu, et ensuite les dévie [de leurs positions] après qu’il les a raisonnées, alors qu’il savait?

أَفَتَطۡمَعُونَ أَن يُؤۡمِنُواْ لَكُمۡ، وَقَدۡ كَانَ فَرِيقٞ مِّنۡهُمۡ يَسۡمَعُونَ كَلَٰمَ ٱللَّهِ، ثُمَّ يُحَرِّفُونَهُۥ مِنۢ بَعۡدِ مَا عَقَلُوهُ، وَهُمۡ يَعۡلَمُونَ؟

2:79: Malheur à ceux qui écrivent le livre de leurs propres mains, puis disent: «Ceci est de la part de Dieu», afin de le troquer contre un petit prix! Malheur à eux à cause de ce que leurs mains ont écrit! Et malheur à eux pour ce qu’ils réalisent!

فَوَيۡلٞ لِّلَّذِينَ يَكۡتُبُونَ ٱلۡكِتَٰبَ بِأَيۡدِيهِمۡ، ثُمَّ يَقُولُونَ: «هَٰذَا مِنۡ عِندِ ٱللَّهِ»، لِيَشۡتَرُواْ بِهِۦ ثَمَنٗا قَلِيلٗا! فَوَيۡلٞ لَّهُم مِّمَّا كَتَبَتۡ أَيۡدِيهِمۡ! وَوَيۡلٞ لَّهُم مِّمَّا يَكۡسِبُونَ!

2:174: Ceux qui taisent ce que Dieu a fait descendre du livre et le troquent contre un petit prix, ceux-là ne mangent que du feu dans leur ventre. Dieu ne leur parlera pas, au jour de la résurrection, ni ne les épurera. Et ils auront un châtiment affligeant.

إِنَّ ٱلَّذِينَ يَكۡتُمُونَ مَآ أَنزَلَ ٱللَّهُ مِنَ ٱلۡكِتَٰبِ وَيَشۡتَرُونَ بِهِۦ ثَمَنٗا قَلِيلًا، أُوْلَٰٓئِكَ مَا يَأۡكُلُونَ فِي بُطُونِهِمۡ إِلَّا ٱلنَّارَ. وَلَا يُكَلِّمُهُمُ ٱللَّهُ، يَوۡمَ ٱلۡقِيَٰمَةِ، وَلَا يُزَكِّيهِمۡ. وَلَهُمۡ عَذَابٌ أَلِيمٌ.

3:78: Il y a parmi eux un groupe qui retourne leur langue avec le livre pour que vous pensiez que cela est du livre, alors qu’il n’est point du livre. Ils disent: «Ceci est de la part de Dieu», alors qu’il n’est pas de la part de Dieu. Ils disent les mensonges sur Dieu, alors qu’ils savent.

وَإِنَّ مِنۡهُمۡ لَفَرِيقٗا يَلۡوُۥنَ أَلۡسِنَتَهُم بِٱلۡكِتَٰبِ لِتَحۡسَبُوهُ مِنَ ٱلۡكِتَٰبِ، وَمَا هُوَ مِنَ ٱلۡكِتَٰبِ. وَيَقُولُونَ: «هُوَ مِنۡ عِندِ ٱللَّهِ»، وَمَا هُوَ مِنۡ عِندِ ٱللَّهِ. وَيَقُولُونَ عَلَى ٱللَّهِ ٱلۡكَذِبَ وَهُمۡ يَعۡلَمُونَ.

3:199: Il y a parmi les gens du livre ceux qui croient en Dieu, en ce qui est descendu sur vous, et en ce qui est descendu sur eux, prostrés devant Dieu, ne troquant pas les signes de Dieu contre un petit prix. Ceux-là auront leur salaire auprès de leur Seigneur. Dieu est prompt dans le compte.

وَإِنَّ مِنۡ أَهۡلِ ٱلۡكِتَٰبِ لَمَن يُؤۡمِنُ بِٱللَّهِ، وَمَآ أُنزِلَ إِلَيۡكُمۡ، وَمَآ أُنزِلَ إِلَيۡهِمۡ، خَٰشِعِينَ لِلَّهِ، لَا يَشۡتَرُونَ بِ‍َٔايَٰتِ ٱللَّهِ ثَمَنٗا قَلِيلًا. أُوْلَٰٓئِكَ لَهُمۡ أَجۡرُهُمۡ عِندَ رَبِّهِمۡ. إِنَّ ٱللَّهَ سَرِيعُ ٱلۡحِسَابِ.

4:46: Parmi les juifs il y a ceux [qui] dévient les paroles de leurs positions

مِّنَ ٱلَّذِينَ هَادُواْ يُحَرِّفُونَ ٱلۡكَلِمَ عَن مَّوَاضِعِهِۦ

5:13: Comme ils ont rompu leur engagement, nous les avons maudits, et avons fait leurs cœurs endurcis. Ils dévient les paroles de leurs positions, et ont oublié une partie de ce qui leur a été rappelé. Tu ne cesseras de voir une trahison de leur part, sauf peu parmi eux. Gracie-les donc, et absous. Dieu aime les bienfaisants.

فَبِمَا نَقۡضِهِم مِّيثَٰقَهُمۡ، لَعَنَّٰهُمۡ، وَجَعَلۡنَا قُلُوبَهُمۡ قَٰسِيَةٗ. يُحَرِّفُونَ ٱلۡكَلِمَ عَن مَّوَاضِعِهِ، وَنَسُواْ حَظّٗا مِّمَّا ذُكِّرُواْ بِهِۦ. وَلَا تَزَالُ تَطَّلِعُ عَلَىٰ خَآئِنَةٖ مِّنۡهُمۡ، إِلَّا قَلِيلٗا مِّنۡهُمۡ. فَٱعۡفُ عَنۡهُمۡ، وَٱصۡفَحۡ. إِنَّ ٱللَّهَ يُحِبُّ ٱلۡمُحۡسِنِينَ.

5:41: Ô envoyé! Qu’ils ne t’attristent pas ceux qui s’empressent dans la mécréance parmi ceux qui dirent: «Nous avons cru» avec leurs bouches, alors que leurs cœurs n’ont pas cru. Il en est parmi les juifs [un groupe] qui écoute le mensonge, [t’]écoute [pour dire des mensonges sur toi à] d’autres gens qui ne sont jamais venus à toi, et [il y a un groupe qui] dévie les paroles de leurs positions [après qu’il les a raisonnées]

يَٰٓأَيُّهَا ٱلرَّسُولُ! لَا يَحۡزُنكَ ٱلَّذِينَ يُسَٰرِعُونَ فِي ٱلۡكُفۡرِ مِنَ ٱلَّذِينَ قَالُوٓاْ: «ءَامَنَّا» بِأَفۡوَٰهِهِمۡ، وَلَمۡ تُؤۡمِن قُلُوبُهُمۡۛ. وَمِنَ ٱلَّذِينَ هَادُواْۛ سَمَّٰعُونَ لِلۡكَذِبِ، سَمَّٰعُونَ لِقَوۡمٍ ءَاخَرِينَ لَمۡ يَأۡتُوكَ، يُحَرِّفُونَ ٱلۡكَلِمَ مِنۢ بَعۡدِ مَوَاضِعِهِۦ.

6:91: Ils n’ont pas mesuré Dieu sa vraie mesure lorsqu’ils dirent: «Dieu n’a rien fait descendre sur un humain». Dis: «Qui a fait descendre le livre avec lequel Moïse est venu comme lumière et direction pour les humains? Vous le recueillez [dans] des feuillets, [dont] vous faites apparaître [ce que vous voulez], et [dont] vous cachez beaucoup, alors que vous avez été enseigné ce que vous ne saviez pas, ni vous ni vos pères» Dis: «C’est Dieu». Ensuite laisse-les jouer dans leurs divagations.

وَمَا قَدَرُواْ ٱللَّهَ حَقَّ قَدۡرِهِۦٓ، إِذۡ قَالُواْ: «مَآ أَنزَلَ ٱللَّهُ عَلَىٰ بَشَرٖ مِّن شَيۡءٖ». قُلۡ: «مَنۡ أَنزَلَ ٱلۡكِتَٰبَ ٱلَّذِي جَآءَ بِهِۦ مُوسَىٰ نُورٗا وَهُدٗى لِّلنَّاسِ؟ تَجۡعَلُونَهُۥ قَرَاطِيسَ، تُبۡدُونَهَا وَتُخۡفُونَ كَثِيرٗا، وَعُلِّمۡتُم مَّا لَمۡ تَعۡلَمُوٓاْ6، أَنتُمۡ وَلَآ ءَابَآؤُكُمۡ». قُلِ: «ٱللَّهُ». ثُمَّ ذَرۡهُمۡ فِي خَوۡضِهِمۡ يَلۡعَبُونَ.

Les musulmans jugent les livres sacrés des juifs et des chrétiens à l’aune du Coran.

Ainsi l’Ancien Testament relate des comportements immoraux de personnages que le Coran considère comme prophètes, comportements que ce dernier passe sous silence, étant considérés comme indignes des prophètes. Les musulmans en concluent que l’Ancien Testament a été altéré.

De même, le Coran nie la crucifixion du Christ:

4:157: Et parce qu’ils ont dit: «Nous avons tué le Messie Jésus, fils de Marie, l’envoyé de Dieu». Or ils ne l’ont ni tué, ni crucifié. Mais il leur a semblé. Ceux qui ont divergé à son propos sont dans le doute à son sujet. Ils n’en ont aucune connaissance, sauf à suivre la présomption. Et ils ne l’ont certainement pas tué.

وَقَوۡلِهِمۡ: «إِنَّا قَتَلۡنَا ٱلۡمَسِيحَ عِيسَى، ٱبۡنَ مَرۡيَمَ، رَسُولَ ٱللَّهِ». وَمَا قَتَلُوهُ وَمَا صَلَبُوهُ. وَلَٰكِن شُبِّهَ لَهُمۡ. وَإِنَّ ٱلَّذِينَ ٱخۡتَلَفُواْ فِيهِ لَفِي شَكّٖ مِّنۡهُ. مَا لَهُم بِهِۦ مِنۡ عِلۡمٍ، إِلَّا ٱتِّبَاعَ ٱلظَّنِّ. وَمَا قَتَلُوهُ يَقِينَۢا.

Si les Évangiles parlent de la crucifixion du Christ contrairement à ce que dit le Coran, ceci constitue une preuve pour les musulmans que les chrétiens ont altéré le Nouveau Testament.

Le Coran est sauvegardé de toute altération

Les musulmans affirment que le Coran, contrairement aux Livres sacrés des juifs et des chrétiens, a été sauvegardé de toute altération. Ils s’appuient sur le verset suivant du Coran:

15:9: C’est nous qui avons fait descendre le rappel, et c’est nous qui le sauvegarderons

إِنَّا نَحۡنُ نَزَّلۡنَا ٱلذِّكۡرَ، وَإِنَّا لَهُۥ لَحَٰفِظُونَ.

Al-Muntakhab, exégèse de l’Al-Azhar, dit:

Afin que l’appel à la vérité soit maintenu jusqu’au jour de la résurrection, nous n’avons pas fait descendre les anges, mais le Coran qui doit être toujours rappelé aux gens. Nous le sauvegardons de tout changement, ajout ou diminution jusqu’au jour de la résurrection.

Al-Tafsir al-muyassar, exégèse approuvée par l’Arabie saoudite, dit:

Nous avons révélé le Coran au prophète Mahomet, et nous nous engageons à le sauvegarder de tout ajout, diminution ou perte.

Dans son exégèse Al-Kashshaf, Al-Zamakhshari (décédé en 1144) écrit:

L’affirmation « C’est nous qui avons fait descendre le rappel » est une réponse au déni et à la moquerie des mécréants: « Ils dirent: Ô toi sur qui est descendu le rappel! Tu es un possédé d’un djinn » (Coran 15:6). De ce fait, Dieu affirme que c’est lui-même qui l’a fait descendre, de façon catégorique définitive, et que c’est lui qui l’a envoyé avec Gabriel, bien escorté par devant et par derrière, jusqu’à ce qu’il soit descendu et transmis, bien sauvegardé des satans. C’est lui qui le sauvegarde en tout temps de tout ajout, diminution, altération ou changement, contrairement aux livres antérieurs qui n’ont pas été sauvegardés par lui. Ce sont les chefs religieux juifs et chrétiens qui en avaient la garde mais ils ont différé entre eux abusivement. D’où leur altération (tahrif). Dieu n’a pas confié la garde du Coran à d’autres que lui-même. Lorsque je dis que l’affirmation « C’est nous qui avons fait descendre le rappel » est une réponse au déni et à la moquerie des mécréants, quel est alors le lien avec l’affirmation « et c’est nous qui le sauvegarderons »? Je réponds que cela constitue une preuve que le Coran est descendu de sa part en tant que prodige. Car s’il s’agissait de parole humaine ou n’ayant pas le caractère prodigieux, alors le Coran aurait subi ajout et diminution, comme ce serait le cas avec toute autres paroles.

Mais dans quelle mesure l’affirmation selon laquelle le Coran est sauvegardé de tout ajout, diminution ou perte est-elle vraie?

Toute personne qui dit que le Coran a subi des ajouts ou des diminutions est considéré comme mécréant passible de la peine de mort

Généralement, les chiites sont accusés d’avoir allégué l’altération du Coran. C’est pourquoi des sunnites mènent une campagne hostile à leur égard. Je cite un passage d’un livre intitulé « Les chiites et l’altération du Coran »:

O chiites duodécimains: la foi en l’authenticité du Saint Coran est l’un des fondements et des piliers de la religion. Celui qui le nie, ne fut-ce que pour une seule lettre, nie le Coran et un des fondements de la religion. Celui qui ne croit pas à la sauvegarde du Coran, nie le Coran et met en échec la sharia rapportée par le Messager de Dieu. Car à ce moment-là, il devient probable qu’il y ait eu altération dans chacun des versets du Coran. Et en présence de probabilités, les croyances deviennent nulles, car la foi ne peut exister qu’avec les certitudes.

Ce livre ajoute: « Des grands savants sunnites ont déclaré que quiconque croyait que le Coran a subi ajouts ou diminutions quitte l’islam ». Il cite à cet égard un certain nombre de juristes musulmans qui considèrent une telle personne comme mécréante passible de la peine de mort.

Mais en vérité certains sunnites et chiites admettent qu’il y a des chapitres et des versets du Coran qui ont été perdus ou qui n’en font pas partie, comme nous le verrons dans les développements qui suivent.

L’État actuel du Coran et le nombre de ses versets

Le Coran actuel mis à la disposition des musulmans contient 114 sourates qui mélangent les 86 chapitres mecquois (révélés à La Mecque) et les 28 chapitres médinois (révélés après le départ de Mahomet vers la Médine), sans aucune logique. En outre, des versets médinois ont été intégrés dans 35 chapitres mecquois, sans qu’on en sache la raison. Cette confusion dans la présentation des chapitres du Coran rend sa compréhension particulièrement difficile.

En ce qui concerne les versets du Coran, leur nombre varie selon les versions et les éditions du Coran. Ainsi, à titre d’exemple,

  • Le Coran le plus répandu, édité en Égypte et en Arabie saoudite, selon la lecture de Hafs, comporte 6236 versets.
  • Le Coran édité au Maroc, selon la lecture de Warsh, comporte 6214 versets.
  • Le Coran édité au Soudan, selon la lecture d’Al-Douri, comporte 6204 versets
  • Le Coran publié dans l’Empire ottoman vers 1880 comporte 6344 versets.
  • Le Coran publié par Gustave Flügel en 1834 comporte 6238 versets.

Cela ne signifie pas que le texte coranique diffère d’une région à l’autre, mais simplement les passages du Coran ont été divisés en versets différemment. Cela crée de la confusion chez ceux qui échafaudent des théories kabbalistiques en partant du nombre des versets coraniques. Raison pour laquelle ces kabbalistes musulmans demandent l’établissement d’une numérotation unique du Coran afin qu’ils puissent halluciner à leur aise. D’autre part, si on croit que la version originale du Coran se trouve dans un coffre auprès de Dieu, à quelle version correspond-elle? Se pose aussi le problème des renvois du Coran dans les écrits.

Ce que certains considèrent comme ne faisant pas partie du Coran

Comme nous l’avons vu, les musulmans affirment que le Coran n’a subi aucune altération: ni ajout ni diminution, partant du verset 15:9 « C’est nous qui avons fait descendre le rappel, et c’est nous qui le sauvegarderons ».

C’est une croyance à laquelle le chercheur ne prête aucune attention puisqu’elle n’est pas vérifiable. Le chercheur considère le Coran comme un texte humain et non comme un livre descendu du ciel. J’ajoute qu’il ne descend du ciel que la pluie, les météorites et les excréments d’oiseaux, et toute personne qui affirme le contraire, sa place naturelle est la clinique psychiatrique.

Cette croyance musulmane se heurte d’ailleurs aux sources islamiques elles-mêmes. Ces sources indiquent que des musulmans considèrent certains chapitres ou versets comme ne faisant pas partie du Coran, et donc ils les retirent de leur Coran.

Ainsi Abdullah Ibn Massoud a contesté l’intégration des deux derniers chapitres du Coran par la Commission instituée par le Calife Uthman. De même, il estimait que le premier chapitre du Coran (Al-Fatiha) constitue une simple prière qui ne fait pas partie du Coran. Par conséquent, le nombre des chapitres du Coran selon Ibn Massoud est de 111, au lieu de 114 chapitres du Coran d’Uthman actuellement en usage.

Al-Suyuti dit à ce sujet: « Ibn Massoud nie que le premier chapitre et les deux derniers soient du Coran. Ceci est extrêmement grave. Si nous disons que la transmission du Coran était récurrente à l’époque des compagnons de Mahomet, la négation de la part d’Ibn Massoud implique sa mécréance. Et si nous disons que la transmission n’était pas récurrente à cette époque-là, cela signifie qu’elle ne l’a jamais été ».

À signaler ici que le Coran d’Ibn Massoud était répandu à Kufa. Il a refusé de le remettre au Calife Uthman pour qu’il soit brûlé, considérant que son texte était meilleur que celui établi par Zayd bin Thabit et que lui-même aurait dû être choisi pour réunir le Coran au lieu de ce dernier, car il est devenu musulman à La Mecque avant la naissance de Zayd. Al-Yaqoubi dit: «Uthman a réuni le Coran et l’a compilé, mettant les longs chapitres ensemble, les courts chapitres ensemble. Il a donné l’ordre pour que les Corans de partout lui soient remis, puis il les a fait bouillir dans l’eau chaude et le vinaigre, et selon certains il les a brûlés. Ibn Massoud était à Kufa, et il a refusé de remettre son Coran. Lorsqu’il est entré dans la mosquée où prêchait Uthman, il a été traîné par le pied jusqu’à ce que deux côtes soient cassées. Il semble que le Coran d’Ibn Massoud a continué d’exister jusqu’en 389 hégire, et il a été brûlé après la sédition entre chiites et sunnites à Bagdad. Al-Sarkhasi dit dans Al-Mabsut: « Nous avons prouvé le maintien de la lecture du Coran d’Ibn Massoud, car elle était célèbre jusqu’au temps d’Abou Hanifa ».

Mutazilites estiment que le chapitre 111 du Coran (Al-Massad) ne fait pas partie du Coran. Et les Kharijites disent que le chapitre 12 du Coran (Yusuf) n’est pas non plus du Coran, étant une histoire d’amour indigne du Coran.

Le Dr Rashad Khalifa, un kabbaliste musulman qui a inventé la théorie du chiffre 19 en se basant sur les versets 74: 27-30, estime que les versets 9:128 et 129 ne font pas partie du Coran parce qu’ils faussent ses calculs. De ce fait, il ne les a pas intégrés dans sa traduction anglaise du Coran. La même position a été adopté par son disciple Edip Yuskel dans sa traduction anglaise. Nous donnons ici ces deux versets considérés par ces deux « coranistes » comme diaboliques.

H-113/9:128: Un envoyé pris parmi vous est venu à vous, pour qui pèse que vous soyez accablés, veillant sur vous, compatissant, très miséricordieux envers les croyants.

H-113/9:129: S’ils tournent alors le dos [à la foi], dis: «Me suffit Dieu. Il n’est de dieu que lui. Je me confie à lui. Il est le Seigneur de l’immense trône».

La moitié du Coran a disparu selon des sunnites

Les sources islamiques indiquent que l’Ange Gabriel avait l’habitude de réviser le Coran chaque année avec le Prophète Mahomet, et la dernière révision a été faite avant sa mort. L’Ange procédait à la suppression d’un certain nombre de versets lors de chaque révision.

Si nous laissons de côté cette légende, Al-Suyuti (mort en 1505) nous dit que le nombre des versets du chapitre 33 (Al-Ahzab) était de 200 versets, voire plus que le nombre des versets du chapitre 2 (Al-Baqarah), qui comprend 286 versets, mais il n’en reste actuellement que 73 versets. Ce qui signifie que 213 versets ont disparu.

Al-Suyuti donne d’autres exemples de chapitres et de versets qui ont disparu du Coran. Il rapporte les propos du fils du Calife Omar: « Aucun de vous ne devrait dire que j’ai tout le Coran. Et que sait-on de tout le Coran! Beaucoup en a disparu. Il devrait plutôt dire: j’ai pris du Coran ce qui paraît en faire partie ».

Il est à noter que le chapitre 9 (Al-Tawbah, qui comporte 129 versets) est le seul du Coran qui ne commence pas par la Basmalah: « Au nom de Dieu, le tout miséricordieux, le très miséricordieux ». Malik bin Anas dit que de nombreux versets de ce chapitre ont disparu avec la Basmalah. Certains estiment que ses versets actuels ne représentent qu’un quart des versets originaux. Ce qui signifie que 387 versets ont disparus.

Signalons aussi qu’Ibn Ka’b ajoute au Coran deux chapitres qui n’y figurent pas actuellement: Al-Khul’ et Al-Hafd. Beaucoup de personnes, et non des moindres, étaient de la même opinion, dont: Ibn-Abbas, Abu Musa Al-Ash’ari, Anas Ibn Malik, Ibrahim Al-Nakha’i, Sufyan Al-Thawri, Hassan Al-Basri. Le Calife Omar Ibn Al-Khattab lisait ces deux chapitres pendant la prière. Jalal al-Din al-Suyuti les a mis à la fin de son exégèse « Al-Dur al-manthur », estimant qu’il s’agissait de deux chapitres du Coran.

Si nous nous basons sur les écrits fiables des sunnites, nous pouvons dire que le Coran actuel ne représente que la moitié du Coran révélé à Mahomet.

Deux tiers du Coran ont disparu selon les chiites

Al-Kulayni, surnommé « La confiance de l’islam » (décédé en 941), déclare: « Le Coran que l’Ange Gabriel a apporté à Muhammad est de dix-sept mille versets ». Or, le Coran actuel compte 6236 versets, ce qui signifie que près des deux tiers du Coran ont disparu selon cet auteur. Parlant du Coran de Fatima, Al-Kulayni dit: « C’est un Coran qui contient trois fois votre Coran. Par Dieu, il n’y est aucune lettre de votre Coran ».

Al-Fayd Al-Kashani (mort en 1680) dit dans la sixième introduction à son exégèse « Al-Safi »: « Le Coran que nous avons n’est pas dans son intégralité tel qu’il en a été révélé à Mahomet. Il y figure ce qui est contraire à ce que Dieu a révélé et il a été altéré, et beaucoup de choses en ont été omises, y compris le nom d’Ali dans de nombreux endroits. D’autre part, il n’est pas arrangé d’une façon agréée par Dieu et son messager […]. Ceci pose un problème: partant de ce fait, il ne nous est pas possible de nous baser sur ce Coran, parce que chacun de ses versets peut être altéré (muharraf) et changé, et ne correspond pas au Coran que Dieu a fait descendre. Par conséquent, nous ne pouvons pas argumenter à partir de ce Coran, qui devient ainsi inutile ».

Certains chiites accusent le calife Uthman (décédé en 656) d’avoir supprimé ou modifié les textes coraniques faisant référence à Ali (décédé en 661), son rival politique. Ils disent que des chapitres entiers et un certain nombre de versets ont disparu ou ont été supprimés du Coran. Un écrivain sunnite cite 208 exemples d’altérations prétendues par les chiites. Mais un livre chiite nie de telles accusations à l’encontre des chiites et ajoute qu’il existe un plus grand nombre d’altérations alléguées dans les livres sunnites.

Parmi les chapitres qui, selon certains chiites, ont été supprimées du Coran d’Uthman, nous signalons le chapitre Al-Wilayah et le chapitre Al-Nurayn, chapitres supprimés pour nier la priorité d’Ali Ibn Abi-Talib au califat après la mort de Mahomet. On trouve ces deux chapitres dans des vieilles éditions chiites du Coran, et des copies de ces deux chapitres figurent sur Internet.

Conséquences de la perte de grandes parties du Coran

La perte de grandes parties du Coran a conduit à la dislocation du Coran et à des difficultés à le comprendre.

Supposons que vous trouvez des morceaux d’une grande statue brisée et essayez de la reconstituer. Si une partie de cette statue est perdue, vous aurez une statue inachevée, par exemple, sans nez, sans bras, sans jambe, sans œil, etc. C’est ce que nous remarquons dans le Coran. Si vous lisez l’un des chapitres du Coran, en particulier les longs, vous constaterez que leur composition est confuse. Prenez le 2e chapitre (Al-Baqara), créez un index de son contenu et recherchez les liens entre ses éléments. Vous constaterez vite que le Coran « passe du coq à l’âne » sans raison valable.

La dislocation se constate parfois dans le même verset.

Prenons l’exemple du 3e verset du 4e chapitre: « Si vous craignez de n’être pas équitables envers les orphelins, épousez les femmes qui vous plurent: deux, trois et quatre. Mais si vous craignez de n’être pas justes, alors une seule, ou ce que vos mains droites possédèrent. Cela est le moindre pour ne pas opprimer ». Quelle est la relation entre les orphelins et le mariage avec quatre femmes? Certains ont vu qu’entre la première partie du verset et la deuxième partie, un tiers du Coran a été perdu.

Prenons le premier verset du 5e chapitre: « Ô vous qui avez cru! Remplissez vos engagements. Vous ont été permises les bêtes des bétails, sauf ce qui vous est récité, ne permettant pas [la chasse du] gibier alors que vous êtes en état d’interdiction. Dieu juge ce qu’il veut ». Quelle est la relation entre le respect des engagements et les tabous dans le domaine de l’alimentation? Absolument rien. Ce qui prouve qu’une partie du texte coranique a été perdue.

L’avis du cheikh Mustafa Rashid

Le cheikh égyptien Mustafa Rashid a résumé la situation dans laquelle se trouve désormais le Coran dans un article intitulé « Les versets manquants » dont nous citons la conclusion:

Le Coran appelé Mushaf Uthman, qui est entre nos mains maintenant, est ce que le Calife Uthman a pu ou voulu collecter, et auquel il a tenu, en brûlant les autres Corans comme le Mushaf d’Abdullah Ibn Massoud, le Mushaf d’Ibn Abbas, le Mushaf d’Aisha, et d’autres. Ceci a mené des Compagnons et des musulmans, à leur tête Aïcha, l’épouse préférée de Mahomet, à le déclarer comme mécréant (kafir), à exiger sa mise à mort et à refuser, après l’avoir tué, son enterrement dans les cimetières musulmans. Et de ce fait, il a été enterré dans les cimetières juifs du quartier de Hash Kawkab à Médine. Nous ne pouvons pas nier qu’il manque de nombreux versets à ce Coran. Nous devons être honnêtes et reconnaître que le Coran est incomplet, et que quiconque dit le contraire est soit ignorant, soit menteur envers Dieu, et ceci est la vraie mécréance, que Dieu nous en préserve.

Signalons ici que des sources islamiques indiquent qu’une des raisons pour lesquelles le Calife Uthman a été assassiné est son altération du Coran, et c’est ce que Muhammad, fils du Calife Abu Bakr, le lui a reproché avant de lui asséner le coup de grâce.

 

Sami Aldeeb, dr en droit
Directeur du Centre de droit arabe et musulman https://www.sami-aldeeb.com
Traducteur du Coran en français, en anglais et en italien par ordre chronologique
Voir ses écrits: https://www.sami-aldeeb.com/livres-books

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