L’origine de la légende coranique de Dhûl-Qarnayn

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Pièce de monnaie ancienne avec la tête d'Alexandre le Grand, le bicornu...

Pièce de monnaie ancienne avec la tête d’Alexandre le Grand, le bicornu…

L’HISTOIRE DANS LA CULTURE ISLAMIQUE

L’histoire de « Dhû-l-Qarnayn » dans la culture islamique est décrite dans la sourate 18 du Coran, Sourate al-Kahf, et elle aurait été révélée au Prophète pendant la période Mecquoise suite à un défi lancé par un noble Mecquois du nom de Nadr ibn al-Harith « النضر ابن الحارث » (conseillé par des juifs Médinois dont l’objectif était de montrer que le Prophète Mohammad n’était pas un messager de Dieu). Effectivement, Nadr ibn al-Harith aurait publiquement défié le Prophète en l’interrogeant sur ces trois sujets :

1. l’âme // « الروح »,

2. le nombre et l’histoire des « jeunes dormants qui eurent une étrange aventure dans une caverne » (Lire l’article d’ahl al-Kahf ICI)

3. l’histoire de « l’homme qui parcourut le monde de l’Orient à l’Occident » du nom de Dhû-l-Qarnayn // « ذو القرنين« 

Lorsque le Prophète entendit ces questions, il dît qu’il y répondrait le lendemain mais les réponses ne furent révélées que quinze jours après. La révélation tarda parce que le Prophète omit d’ajouter la restriction « si Dieu le veut » après « je répondrai le lendemain» (Source: versets 23 et 24 de la sourate al-Kahf : « وَلَا تَقُولَنَّ لِشَيْءٍ إِنِّي فَاعِلٌ ذَٰلِكَ غَدًا (23) إِلَّا أَن يَشَاءَ اللَّهُ ۚ[…]()24) ».

Quinze jours plus tard, l’Ange Gabriel apporta la révélation de la sourate 18 (la Caverne ou Ahl al-Kahf) qui comporta plusieurs récits dont celui de Dhû-l-Qarnayn (versets 83 à 98) :

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Mais qui était ce Dhû-l-Qarnayn ? 

Pour les musulmans, connaitre son identité constitue un vrai dilemme comme nous allons le voir plus bas.

L’HISTOIRE DANS LA POÉSIE PRÉ-ISLAMIQUE (الشعر الجاهلي)

Plusieurs poètes arabes de la période préislamique avaient cité, directement ou indirectement, Dhû-l-Qarnayn dans leurs poèmes. Voici quelques exemples :

1. Oumaya ibn abi Salt « أمية بن أبي الصَّلْت » (mort en 630 ap. J. -C.). Il  fut contemporain du prophète, ne s’est pas convertit à l’islam et dans l’un de ses poèmes, il dit :

« En voulant chercher les commandements de la raison, il a atteint le levant et le couchant… 
et a vu le soleil se coucher dans une source en boue noire » (source en arabe P 236-237)

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Certains attribuent ce poème au roi yéminite du Ve siècle Tubba Abu Karab As’ad « تبع أسعد أبو كرب الحميري » 

2. Le plus célèbre de ses poètes pré-islamiques est sans doute « امرؤ القيس » Imrou’l Qays (501 – 544 ap. J. -C.)

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3. Un autre exemple est dans un poème du roi des Lakhmides de la première partie du 6éme siècle Al-Mundhir ibn al-Maa’e a-Sama’e :

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L’HISTOIRE DANS LA CULTURE CHRÉTIENNE

DANS LE LIVRE DE L’APOCALYPSE, (VERSETS 20:6-10), 1ER SIÈCLE DE NOTRE ÈRE

L’homme bicornu, Dhû-l-Qarnayn, ne figure pas explicitement dans les évangiles mais l’histoire de Gog et Magog // « يأجوج ومأجوج », étant relâchés le jour du jugement dernier, se trouve bien dans le Livre de l’Apocalypse, versets 20:6-10. Cette écriture date de la seconde moitié du 1er siècle de notre ère.

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DANS LES LETTRES DE SAINT-JÉRÔME (VE SIÈCLE AP. J. -C.)

Trois siècles plus tard, Saint-Jérôme (347 – 420) ou Jérôme de Stridon, qui est un des pères de l’Eglise latine, écrit un ouvrage les lettres de Saint-Jérôme où il relate des histoires légendaires d’Alexandre le Grand construisant un mur contre les Huns (peuple décrit comme « barbare » originaire de l’Asie centrale qui établit un vaste empire en Europe à partir du IVe siècles ap. J. -C.).

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DANS UNE HOMÉLIE DE JACQUES DE SAROUG (VIE SIÈCLE AP. J. -C.)

Un autre récit qui évoque ces créatures et peuples barbares se trouve dans une homélie du fameux Jacques de Saroug « يعقوب السروجي » sur « Alexandre, le roi fidèle, et sur la porte qu’il établit contre Gog et Magog ». Jacques de Saroug (452-521 ap. J.-C.) est l’un des illustres écrivains de la littérature syriaque de tout le Moyen Orient entre le Ve et le VIe siècle.

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Une traduction du syriaque à l’anglais de cette homélie se trouve, en appendice, dans le livre publié en 1889 par Sir Ernest Alfred Thompson Wallis Budge, « THE HISTORY OF ALEXANDER THE GREAT, being the syriac version of Pseudo Callisthene » (P 163-200)

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Ces textes (sur Gog et Magog) figurent aussi dans des variantes de la version grecque du livre de Pseudo Callisthène (voir paragraphe suivant) et il faut les mettre en liaison avec les troubles que l’Europe, l’Asie centrale et le Moyen-Orient ont connus au IVe siècle avec les invasions des Huns, au VIe siècle avec celles des Sabirs, puis à partir du VIIe siècle avec les Khazars.
En effet, les légendes sur la fin du monde et sur les mondes imaginaires étaient très répandues au Moyen Orient et en Europe à cette période.

DANS UN RÉCIT FAUSSEMENT ATTRIBUÉ À MÉTHODE D’OLYMPE, (VIIE SIÈCLE AP. J. -C.)

Inspiré de l’homélie de Jacques de Saroug, un auteur chrétien inconnu publia vers la fin du VIIe siècle un récit appelé « L’Apocalypse du pseudo-Méthode« . C’est un récit eschatologique écrit en langue syriaque qui a été faussement attribué à Méthode d’Olympe (un auteur chrétien du IIIe siècle), et dans lequel des histoires de peuples « impurs » qu’Alexander le Grand enfermait dernière des portes sont décrites.

Voici des passages tirés du livre « L’Histoire des MONDES IMAGINAIRES »

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D’autres citations ainsi que la référence du récit de Pseudo Méthode sont données dans le paragraphe suivant.

DANS LE FAMEUX LIVRE DU PSEUDO-CALLISTHÈNE (À PARTIR DU IIIE SIÈCLE)

Le livre de Pseudo-Callisthène est un recueil de légendes concernant les exploits de l’Empereur Alexandre de Macédoine, appelé Alexandre le Grand. C’est un récit égyptien d’expression grecque datant du IIIe siècle de notre ère où on trouve des récits légendaires qui ne figurent pas dans les biographies officielles d’Alexandre le Grand. Les historiographes l’ont appelé Pseudo-Callisthène parce que l’auteur égyptien voulait se faire passer pour le vrai Callisthène, le contemporain et biographe d’Alexandre le Grand !Ce livre, dans sa version grecque, s’est répandu d’abord en Égypte comme un conte populaire, vers le IIIe siècle ap. J. -C. L’auteur avait pour but évident de rattacher Alexandre à l’Égypte et d’en faire un héros divinisé, héritier d’Ammon, le Dieu égyptien qui portait des cornes de bélier.

Le Dieu Ammon qui est le père d'Alexandre le Grand selon la légende de Pseudo Callisthène

Le Dieu Ammon qui est le père d’Alexandre le Grand selon la légende de Pseudo Callisthène

On apprend aussi dans ce livre qu’Alexandre le Grand, en parcourant la « terre entière » sur laquelle il a manifestement reçu de son Dieu “un accès à toute chose”, trouve d’un côté la source où le soleil se couche, de l’autre le lieu où le soleil se lève, et atteint enfin l’endroit “entre les deux montagnes” où il érige un mur de fer et de cuivre destiné à contenir un peuple barbare. La ressemblance avec le récit Coranique est évidemment frappante.

N.B. Les citations plus bas sont tirées de la traduction en Français à partir du Grec ancien du « Texte L » qui correspondent aux premières versions du roman (IIIe siècle de notre ère).

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ALEXANDRE LE GRAND DU CÔTÉ DE L’ENDROIT OÙ SE COUCHE LE SOLEIL

Le premier voyage d’Alexandre l’amène dans les ténèbres du Pays des Bienheureux, appelé aussi « coucher du soleil« , où il manque de découvrir la source d’immortalité. La tradition grecque situe les Bienheureux soit sous terre soit aux « Champs Élysées » qui sont le lieu des enfers où les héros et les gens vertueux goûtent le repos après leur mort selon la mythologie grecque.
Voici des extraits du livre de Pseudo Callisthène sur le coucher du soleil :

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ALEXANDRE LE GRAND DU CÔTÉ DU LEVANT

Le second voyage d’Alexandre l’amène au pays du Levant, chez les Brahmanes, un peuple de sages que rien ne sépare de la nature. En effet, les brahmanes sont décrits dans le livre de Pseudo Callisthène comme vivant nus et aucun voile ne les sépare de la création. Ils vivent comme ils sont nés dans des cabanes et des grottes.

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ALEXANDRE LE GRAND DU CÔTÉ DU PEUPLE BARBARE « IMPUR » ET LA CONSTRUCTION DU BARRAGE

Un autre « voyage » d’Alexandre le Grand décrit dans le livre de Pseudo Callisthène l’amène dans des endroits inconnus où il rencontre des créatures barbares, impures et hideuses. Ces créatures sont parfois décrites comme étant « en nombre incalculable » et « munies de six mains et de six pieds ». D’autre fois, elles sont décrites comme des « hommes en toute chose, à l’exception de la tête semblable à celle du chien », etc.
Ces textes figurent dans les variantes ultérieures à la version originale grecque de Pseudo Callisthène et il faut les mettre en liaison, comme évoqué plus haut, avec les troubles que l’Europe, l’Asie centrale et le Moyen-Orient ont connus au IVe siècle avec les invasions des Huns, au VIe siècle avec celles des Sabirs, puis à partir du VIIe siècle avec les Khazars.

D’autres récits plus tardifs les décrivent comme des peuples « mangeant les bêtes qui rampent sur la terre, les rats, les chiens, les chats, laissant leurs morts sans linceul ni tombeau et trouvant délectable la chair des fœtus avortés ». Ces récits eschatologiques se trouvent dans des manuscrits syriaques de Pseudo Méthode datables vers la fin du VIIe siècle. La version intégrale a été trouvée dans un manuscrit du Vatican (Vaticanus Syriacus 58).

Dans le livre de Pseudo Callisthène présenté ici (traduit par Gilles Bounoure et Blandine Serret), on trouve dans l’appendice III une traduction en Français d’un récit de Pseudo Méthode sur Alexandre et les « peuples impurs » :

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DANS LA LITTÉRATURE SUMÉRIENNE : L’ÉPOPÉE DE GILGAMESH

Qu’est ce qui pouvait germer dans la tête d’un être humain il y a 4000 ans quand il voulait comprendre la disparition du soleil pendant la nuit ? La réponse la plus triviale est que ce dernier disparaît dans un trou qui se situe à l’extrémité de la terre.

En écrivant son conte légendaire sur Alexandre le Grand, l’auteur égyptien appelé Pseudo Callisthène s’est, sans doute, inspiré d’un autre conte, légendaire aussi, sur la vie du roi sumérien Gilgamesh. Ce conte se trouve dans l’épopée qui porte son nom.

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L’ÉPOPÉE DE GILGAMESH

L’épopée de Gilgamesh est la première oeuvre littéraire qui nous soit parvenue. Elle a été patiemment reconstituée à partir de tablettes en argile et de nombreux fragments rédigés en écriture cunéiforme, une des premières formes d’écriture apparue vers 3000 ans av. J.-C. Elles ont été collectées lors de nombreuses fouilles archéologiques menées à partir du XIXème siècle dans tout le Moyen-Orient.

Leur dispersion dans l’espace et le temps témoigne de l’importance et de la popularité de cette épopée. Ces 12 tablettes sont conservées dans différents musées (comme le British Museum, le musée irakien de Bagdad, le musée de Berlin) et universités (comme celles de Philadelphie et de Yale).

Tablette XI de l'épopée de Gilgamesh

Tablette XI de l’épopée de Gilgamesh

TABLETTE IX : GILGAMESH À LA RECHERCHE DE L’IMMORTALITÉ ET L’ARRIVÉE À LA PORTE DU SOLEIL

Après la mort de son ami Enkidou, Gilgamesh réalise que l’homme est par essence mortel. Effrayé par la mort, il entreprend un long et pénible voyage vers l’endroit où vit un certain Outa-Napishtim, le seul survivant du déluge qui a reçu des dieux la récompense de l’immortalité. Gilgamesh espère découvrir auprès de lui le secret de la vie éternelle. Selon la légende, il aurait marché jusqu’au bout du monde et arrive à l’extrémité de la terre là où se trouve la porte par où le soleil se couche (voir vidéo ci-dessous).

La quête de Gilgamesh prend la forme d’un voyage qui va donc le mener vers l’Au-delà. Elle comporte plusieurs étapes, et le héros doit faire preuve de courage. Le voyage le conduit au-delà des frontières du monde connu. Il lui faut traverser des espaces naturels hostiles à l’homme pour y parvenir et combattre des lions et des monstres.

Quand il arrive à la porte du coucher du soleil, il traverse un très long passage souterrain, plongé dans une profonde obscurité. Cette épreuve fait passer symboliquement le héros de l’ombre à la lumière. A la sortie, il retrouve le soleil et découvre un jardin merveilleux qui évoque un lieu tout à fait paradisiaque

C’est donc dans la mythologie sumérienne et plus exactement dans la tablette IX de l’épopée de Gilgamesh que l’auteur Pseudo Callisthène aurait été inspirée pour écrire ses légendes sur Alexandre le Grand, le voyage d’ouest en estle coucher et le lever du soleil ainsi que les deux montagnes.

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RESSEMBLANCES ENTRE LE CORAN, EXÉGÈSES ET HADITHS D’UN CÔTÉ ET LES LÉGENDES DE PSEUDO-CALLISTHÈNE, L’ÉPOPÉE DE GILGAMESH ET POÉSIE PRÉ-ISLAMIQUE DE L’AUTRE

PEUPLE SANS PROTECTION CONTRE LE SOLEIL, DU CÔTÉ DU LEVANT

Verset 90, sourate al Kahf : « Et quand il eut atteint le Levant, il trouva que le soleil se levait sur une peuplade à laquelle Nous n’avions pas donné de voile pour se protéger »

 : (20e siècle) تفسير الوسيط لطنطاوي

وَجَدَها أى الشمس تَطْلُعُ عَلى قَوْمٍ لَمْ نَجْعَلْ لَهُمْ مِنْ دُونِها سِتْراً أى: لم نجعل لهم من دون الشمس ما يستترون به من البناء أو اللباس، فهم قوم عراة يسكنون الأسراب والكهوف في نهاية المعمورة من جهة المشرق

: (11e siècle) تفسير البغوي

هم قوم عراة يفترش أحدهم إحدى أذنيه ، ويلتحف بالأخرى

Exégèse d’al-Baghawi (11e siècle) « C’est un peuple où les gens vivent nus, ils dorment sur une oreille et se couvrent avec l’autre »
Exégèse d’ibn Kathir (14e siècle) : « Quant il [Dhû-l-Qarnayn] eut atteint l’endroit où le soleil se lève, il trouva un peuple qui était sans abri : ses membres n’habitaient pas dans des demeures, il n’y avait plus d’arbres pour s’abriter à leur ombre, et rien ne les protégeait contre la chaleur. Sa’id Ben Joubayr disait d’eux qu’ils étaient de petite taille, de peau rouge, qu’ils habitaient dans des grottes et que les poissons étaient leur seule nourriture. »

Dans Pseudo Callisthène, après avoir tué Pôros le roi des Indes, Alexandre le Grand se dirige encore vers l’est où il fait la rencontre d’un peuple de sages vivant au « pays où le soleil se lève » :

Pseudo Callisthène, version grecque (IIIe siècle), P 94-95 et arménienne (V siècle), P121-122 :
« Puis Alexandre les vit eux mêmes, vivant entièrement nus dans des cabanes et des grottes. […],  »

Pseudo Callisthène, version syriaque (VII siècle), P148 :
« Puis, Alexandre et ses troupes montèrent entre la mer fétide et la mer brillante jusqu’à l’endroit où le soleil entre dans la fenêtre du ciel; car le soleil est le serviteur du Seigneur, et il ne cesse de voyager jour et nuit. Le lieu du lever du soleil est sur la mer, et les gens qui y habitent, quand il est sur le point de se lever, fuient et se cachent dans le mer, afin qu’ils ne soient pas brûlés par ses rayons; et il traverse au milieu des cieux à l’endroit où il entre dans la fenêtre du ciel; […], et dès qu’ils voient le soleil passer, les hommes et les oiseaux s’enfuient devant lui et se cachent dans les grottes, car les roches sont fondues par sa chaleur ardente […]. Et quand le soleil entre dans la fenêtre du ciel, il s’incline tout de suite et se prosterne devant Dieu son Créateur; et il voyage et descend toute la nuit à travers les cieux, jusqu’à ce qu’il trouve enfin, lui-même, l’endroit pour qu’il se lève » (Traduit de l’anglais)

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«IL Y TROUVA UN PEUPLE QUI MAÎTRISAIT À PEINE LE LANGAGE DES HUMAINS» 

D’après les versets 93 et 94 de la sourate al-Kahf, Dhû-l-Qarnayn arriva à une gorge formée par deux chaînes de montagnes et il y trouva des gens qui ne maîtrisaient pas le langage. Ce sont ces gens qui lui demandèrent de construire le barrage contre Gog et Magog.

(IXe siècle) تفسير الطبري وجد من دون السدّين قوما لا يكادون يفقهون قول قائل سوى كلامهم

Exégèse d’ibn Kathir (14e siècle) :
« A cause de leur éloignement des autres peuples et dont le langage était incompréhensible »

Pseudo-Callisthène, « Texte C », Page 191 « Puis, au bout de trois jours de marche, Alexandre arriva au pays des Cynocéphales. Ceux-ci étaient des hommes en toute chose, à l’exception de la tête semblable à celle du chien. Et leur voix néanmoins, était partie celle d’un homme, et partie celle d’un chien« .

LE NOMBRE DES PEUPLES (TRIBUS) DES GOG ET MAGOG EMPRISONNÉS

Vingt deux serait le nombre des tribus de Gog et Magog emprisonnées derrière le barrage construit par Dhû-l-Qarnayn :

Pseudo-Callisthène, version arménienne (Ve siècle), Page 158
« He [Alexander] conquered many nations, twenty-two barbarian and twelve Greek »
« Il a [Alexandre] conquis plusieurs nations, vingt-deux [nations] barbares et douze grecques »

Pseudo Callisthène, version syriaque (VII siècle), P142« He [Alexander] lived in this world thirty-two years and seven months, and of these he had rest for only eight years in this world. He subdued of the barbarians twenty-two kings, and of the Greeks thirteen. »
« Il [Alexandre] vécut trente-deux ans et sept mois, dont seulement huit ans de repos. Il a soumis vingt deux rois barbares et treize grecs »

Récit rapporté dans Fath al-Bari expliquant Sahih al-Bukhari  (15e siècle)« Les Gog et Magog sont vingt deux tribus. Dhû-l-Qarnayn avait construit le barrage contre vingt et un d’entre eux et il manquait une tribu, les turcs, qui sont restés du bon côté du barrage… »

فتح الباري شرح صحيح البخاري » كتاب الفتن » باب يأجوج ومأجوج

ومن رواية سعيد بن بشير عن قتادة قال : يأجوج ومأجوج ثنتان وعشرون قبيلة ، بنى ذو القرنين السد على إحدى وعشرين   » وكانت منهم قبيلة غائبة في الغزو وهم الأتراك فبقوا دون السد  » وأخرج ابن مردويه من طريق السدي قال : الترك سرية من سرايا يأجوج ومأجوج خرجت تغير فجاء ذو القرنين فبنى السد فبقوا خارجا

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HOMMES À TÊTES DE CHIENS

Dans un récit raconté par Tabari dans son exégèse du verset 83 de la sourate al Kahf, on apprend que Dhû-l-Qarnayn rencontre des hommes combattants à têtes de chiens :

Extrait du tafssir de Tabari, verset 83 de la sourate al Kahf :« […], il a dépassé l’endroit où se trouvent Gog et Magog. Puis il est parti vers une autre tribu où les hommes ont un visage de chiens combattant Gog et Magog »

: (IXe siècle) تفسير الطبري فأتى به السدّ، وهو جبلان لينان يَزْلَق عنهما كل شيء، ثم مضى به حتى جاوز يأجوج ومأجوج، ثم مضى به إلى أمة أخرى، وجوههم وجوه الكلاب يقاتلون يأجوج ومأجوج

Pseudo-Callisthène, version arménienne (Ve siècle), Page 149

« And here, neither sky nor the earth could be seen. And many peoples of many kinds lived there. We saw dogheaded men and headless ones who had their eyes and mouths on their chests. »

« Et ici, ni le ciel ni la terre ne pouvaient être vus. Et beaucoup de peuples de toutes sortes y vivaient. Nous avons vu des hommes à tête de chien et des hommes sans tête qui avaient les yeux et la bouche sur leur poitrine. »

Pseudo-Callisthène, « Texte C », Page 191

« Ceux-ci étaient des hommes en toute chose, à l’exception de la tête semblable à celle du chien« .

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LE COUCHANT DU SOLEIL DANS UNE SOURCE BOUEUSE (VERSET 18:86) 

Le soleil qui se couche dans une source est une idée qui trouve sa source dans l’épopée de Gilgamesh, 2000 ans av. J. -C. ! le fait que cette source soit « boueuse » est une croyance pré-islamique qu’on trouve, par exemple, dans la poésie d’Oumaya ibn abi Salt « أمية بن أبي الصَّلْت« , que certains attribuent au roi Yéminite du Ve siècle Tubba Abu Karab As’ad « تبع أسعد أبو كرب الحميري » (voir le tafssir d’al-Qortobi du verset 18:86).

لسان العرب،  أبو الفضل جمال الدين محمد بن مكرم ( ابن منظور قال تُبَّعْ ، أو غيره

فرأى مغيب الشمس ، عند مآبها      في عين ذي خلب وثأط حرمد

ﺧﻠﺐ: ﻃﻴﻦ     —    ﺛﺄﻁ: ﺍﻟﺤﻤﺄﺓ

وفي حديث ابن عباس ، وقد حاجه عمر في قوله تعالى : تغرب في عين حمئة ، فقال عمر : حامية ، فأنشد ابن عباس بيت تبع : في عين ذي خلب

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BARRAGE DE DHÛ-L-QARNAYN CONSTRUIT EN FER ET EN CUIVRE (VERSET 18:96)

Homélie de Jacques de Saroug (VIe siècle) (P 163 – 200)

Traduit de l’anglais à partir du livre de Budges P 153 :« Le roi dit: « Faisons une porte d’airain (alliage de cuivre) et fermons cette brèche. » Ses troupes dirent: « Comme ta majesté le commande, nous le ferons. » Alexandre commanda trois mille forgerons, des ouvriers pour le fer, et trois mille ouvriers pour le cuivre. Ils posèrent du laiton et du fer, et le pétrirent comme on pétrit quand on travaille l’argile. Puis ils firent une porte dont la longueur était de douze coudées et la largeur de huit coudées. Il fit un seuil inférieur de montagne en montagne, dont la longueur était de douze coudées; il le martela dans les rochers des montagnes, et il le fixa avec de l’airain et du fer. La hauteur du seuil inférieur était de trois coudées. Et il fit un seuil supérieur de montagne en montagne, douze coudées de longueur; il le martela dans les rochers de la montagne, et le fixa avec deux boulons de fer, chaque boulon étant de douze coudées. Il fit deux boulons de fer du rocher au rocher derrière la porte, et fixa les têtes des boulons dans les roches. Il fixa la porte et les verrous, plaça des clous de fer et les battit l’un par l’autre, de sorte que si les Huns viennent et creusent le rocher qui est sous le seuil de fer, même si les hommes peuvent passer, un cheval avec son cavalier en serait incapable […]. Et il remit du fer sur les rochers, en frappa une clef de fer de douze coudées de long, et fit tourner des mèches d’airain. Ainsi, la porte fut bien accrochée »

Lire aussi le paragraphe plus haut : « Alexandre le Grand du côté du peuple barbare « impur » et la construction du barrage »

Tafssir d’ibn Kathir, verset 18:96 (14e siècle) :

« Il leur demanda de collaborer avec lui avec tout ce qu’ils possédaient comme matériaux et instruments pour réaliser le projet qui consistait à créer un rempart entre les deux peuples. Une fois l’espace compris entre les deux monts comblé, il leur ordonna de lui apporter des blocs de fer qu’il construisit comme un mur, et d’y souffler le feu afin qu’il puisse y verser de l’airain fondu pour consolider chaque bloc »

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LE DILEMME SUR L’IDENTITÉ DU PERSONNAGE DE DHÛ-L-QARNAYN

La ressemblance entre Alexandre le Grand décrit dans les légendes de Pseudo Callisthène et Dhu-l-Qarnayn dans le Coran est évidente. 

Mais le fait d’associer ce personnage à Dhû-l-Qarnayn du Coran constitue en soit un gros problème pour un musulman puisque cela confirmerait, d’une manière ou d’une autre, les dires du Qoraychite Nadr ibn al-Harith « النضر بن الحارث » qui accusa le prophète d’être un conteur de légendes. En effet, dans le tafssir d’ibn Kathir du verset 8:31, nous lisons : « En entendant réciter les versets du Coran, les polythéistes dans leur opiniâtreté, rébellion et égarement, disaient: « Nous les avons déjà entendus ». On a dit que Nadr ibn Al-Harith était l’auteur de ces paroles ».

L’autre problème est lié au personnage d’Alexandre le Grand qui est connu dans les livres d’histoire comme étant un idolâtre violent alors que le Coran présente Dhû-l-Qarnayn comme un roi pieux, monothéiste et « juste »…

Ainsi, les tentatives islamiques pour trouver un autre bi-cornu sont légion. En effet, le Macédonien n’est pas le seul conquérant candidat à l’identification avec la figure mythique de “l’homme aux deux cornes”. Cette figure de la corne fut pour les peuples anciens un signe de contact avec les Dieux.

RAPPROCHEMENT AVEC CYRUS LE GRAND « كورش الكبير » 

Cyrus II ou Cyrus le Grand « كورش الكبير » fut aussi un conquérant de l’Orient et de l’Occident (roi persan vers 559 av. J.-C. à 530 av. J.-C.). Il existe une statue de lui avec deux cornes (voir la photo ci-dessous) mais il ne peut pas être le Dhû-l-Qarnayn, le roi monothéiste décrit dans le Coran. En effet, Cyrus le Grand n’adorait pas Allah mais plutôt le Dieu Marduk « مردوخ« , le grand Dieu des Babyloniens.

Cyrus le Grand avec des cornes

Cyrus le Grand avec des cornes

Ceci est clairement attesté sur le cylindre dit de Cyrus découvert en 1879 par l’archéologue Hormuzd Rassam. Le texte qui se trouve sur le cylindre fait l’éloge de Cyrus le Grand, présente sa généalogie et le dépeint comme un roi d’une lignée de rois. Cyrus est décrit comme ayant été choisi par le dieu créateur babylonien Marduk pour rétablir la paix et l’ordre à Babylone.

Une traduction en anglais de ce texte akkadien cunéiforme est disponible sur le site du British Museum. Voici des extraits traduits en Français :

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D’autres identités, un peu fantaisistes, essaient de faire correspondre le Dhû-l-Qarnayn du Coran au Pharaon Akhenaton, et à un roi des dynasties Himyarites préislamiques du Yémen comme décrit dans une vidéos plus haut.

LA FIN DES TEMPS EST PROCHE : LES GOG ET MAGOG QUI SERAIENT EN TRAIN D’ASSÉCHER LE LAC TIBÉRIADE !

Il y a un hadith dans Sahih Muslim (No 2937) où apprend que le Prophète dit « qu’à la fin des temps, Gog et Magog dévaleront chaque colline, arriveront jusqu’à Jérusalem et assécheront le Lac Tibériade. On dira qu’il y avait eu de l’eau dans ce coin ! ».

صحيح مسلم » كتاب الفتن وأشراط الساعة » باب ذكر الدجال وصفته وما معه

ويبعث الله يأجوج ومأجوج وهم من كل حدب ينسلون فيمر أوائلهم على بحيرة طبرية فيشربون ما فيها ويمر آخرهم فيقولون  لقد كان بهذه مرة ماء

Or avec le problème d’eau que connait le proche orient depuis plusieurs années, on sait que le lac Tibériade « بحيرة طبرية » s’épuise et a atteint le niveau de son non-renouvellement naturel. Peut-on donc conclure que les Gog et Magog sont déjà parmi nous, assèchent le lac et ont par conséquent déjà réussi à creuser le barrage de Dhûl-l-Qarnayn ? !
Sourate al-Anbiyaa 21:96: « Jusqu’à ce que soient relâchés les Gog et Magog et qu’ils se précipiteront de chaque hauteur »

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