Erreurs linguistiques du Coran: 11) Coupure défectueuse des versets et absence de ponctuations modernes تقطيع معيب للآيات وعدم وجود علامات الترقيم الحديثة (texte et vidéo)

Nous avons mentionné dans un précédent article

http://www.ahewar.org/debat/show.art.asp?aid=676207

que les erreurs linguistiques dans le Coran sont divisées en 11 catégories. Nous entendons par erreurs linguistiques celles qui ont un lien avec la langue du Coran, contrairement aux erreurs scientifiques, géographiques ou historiques. Nous parlons dans cet article de la onzième et dernière catégorie d’erreur linguistique, à savoir Coupure défectueuse des versets et absence de ponctuation moderne تقطيع معيب للآيات وعدم وجود علامات الترقيم الحديثة.


Pour ne citer que Wikipédia, la ponctuation a pour but l’organisation de l’écrit grâce à un ensemble de signes graphiques. Elle a trois fonctions principales. Elle indique des faits de la langue orale, comme l’intonation ou les pauses de diverses longueurs. Elle marque les degrés de subordination entre les différents éléments du discours. Enfin elle précise le sens et définit les liens logiques entre ces éléments. Destinée à faciliter la compréhension du texte, elle est un élément essentiel de la communication écrite. Un seul signe de ponctuation peut modifier la nature d’une phrase, la rendant énonciative, exclamative, injonctive, interrogative, changeant donc son sens et la manière de la prononcer.

Contrairement aux traductions du Coran en langues européennes distribuées par l’Arabie saoudite et qui se trouvent dans les librairies et les bibliothèques, le Coran en arabe ne contient ni point, ni virgule, ni point-virgule, ni deux-points, ni point d’exclamation, ni point d’interrogation, ni guillemets, etc. Ceci ne signifie pas pour autant que le Coran en langue arabe soit sans signes de ponctuation. En effet, les savants religieux musulmans ont élaboré un système particulier de ponctuation très complexe utilisé uniquement dans le texte coranique, composé surtout d’une ou de plusieurs lettres, notamment dans le but d’indiquer l’arrêt obligatoire, l’arrêt interdit, l’arrêt permis, l’arrêt préférable, etc. Ces lettres sont placées au-dessus des mots en petits caractères, alourdissant ainsi le texte. Malgré le grand nombre de ces signes, aucun d’eux ne correspond au point d’interrogation, d’exclamation, aux guillemets dans les citations, etc.

À ce problème s’ajoute celui de la numérotation défectueuse des versets du Coran qui n’intervient pas à la fin de la phrase. Ainsi des phrases coupées par le numéro d’un verset sont à compléter par des bouts de phrase se trouvent dans le verset suivant. Cette numérotation se trouve à la fin du verset, contrairement à ce qu’il est dans la Torah et la Bible, où le numéro du verset est placé au début. Je donne ici un exemple d’un chapitre, en ajoutant une étoile à la fin de la phrase.

M-84/30:2. Les Romains ont été vaincus غُلِبَتِ ٱلرُّومُ
M-84/30:3. dans la terre la plus proche * Et après avoir été vaincus, ils vaincront (sayaghlibun), فِيٓ أَدۡنَى ٱلۡأَرۡضِ. وَهُم، مِّنۢ بَعۡدِ غَلَبِهِمۡ، سَيَغۡلِبُونَ،
M-84/30:4. dans quelques années * À Dieu est l’affaire avant [la victoire] et après [elle] * Ce jour-là, les croyants exulteront (al-mu’minum). فِي بِضۡعِ سِنِينَ. لِلَّهِ ٱلۡأَمۡرُ مِن قَبۡلُ […]وَمِنۢ بَعۡدُ […]. وَيَوۡمَئِذٖ، يَفۡرَحُ ٱلۡمُؤۡمِنُونَ
M-84/30:5. du secours de Dieu * Il secourt qui il souhaite * Il est le fier, le très miséricordieux. بِنَصۡرِ ٱللَّهِ. يَنصُرُ مَن يَشَآءُ. ~ وَهُوَ ٱلۡعَزِيزُ، ٱلرَّحِيمُ.

Il est clair de cet exemple, parmi tant d’autres, que les phrases ont été entrecoupées par les numéros des versets dans le seul but de maintenir la rime. On remarquera en outre que le verset 4 est lacunaire, et les exégètes divergent sur les éléments manquants. Ce que nous avons mis entre […] est une des probables manières de compléter ce verset.

Malgré la coupure des phrases due à une numérotation des versets privilégiant la rime au sens, il y a ceux qui croient que cette numérotation a été faite par l’inspiration de Dieu, en particulier pour les kabbalistes musulmans qui partent de cette numérotation pour prouver l’origine divine du Coran. Or, les érudits musulmans divergent quant au nombre des versets. Al-Suyuti dit: « Ils ont convenu que le nombre des versets du Coran est de six mille versets, puis ils ont différé sur ce qui a été ajouté à cela. Certains d’entre eux maintiennent ce chiffre, et d’autres y ajoutent deux cent quatre versets, voire deux cent quatorze versets, deux cent dix-neuf versets ou deux cent trente-six versets » . La différence provient de la combinaison de deux versets en un seul ou la diversion d’un verset en deux. Et en fait les musulmans ne sont pas d’accord où commencer et où se termine le verset. Certains indiquent la numérotation suivante:

  • Première numérotation médinoise: 6000 versets

  • Dernière numérotation médinois en usage au Maroc: 6214 versets

  • Numérotation mecquoise: 6219 versets

  • Numérotation syrienne: 6226 versets

  • Numérotation de Koufa, suivie par le Coran du roi Fu’ad de 1923 et de Médine distribué par le Complexe du Roi Fahd pour l’impression du Noble Coran: 6236 versets

  • Numérotation de Bassora en usage au Soudan: 6204 versets

  • Numérotation de l’édition du Coran par l’orientaliste allemand Gustav Flügel en 1834: 6238 versets

  • Numérotation de l’Empire ottoman vers 1880: 6344 versets

Certains orientalistes utilisent encore la numérotation de Flügel dans leurs écrits et traductions, comme dans les traductions françaises de Montet et Kazimirski en français. Des traductions utilisent une double énumération, comme les traductions françaises de Blachère et de Hamidullah et la traduction italienne de Mandel, ce qui signifie qu’ils mentionnent la numérotation selon le Coran du roi Fu’ad et la numérotation selon le Coran de Flügel. Nous nous sommes contentés de mentionner la numérotation du Coran du roi Fu’ad, précédée de la numérotation par ordre chronologique. La différence entre la numérotation du Coran de Flügel et celle du Coran du Roi Fu’ad atteint parfois six chiffres. Les kabbalistes musulmans réclament à cet effet une uniformisation de la numérotation des versets du Coran pour qu’ils puissent tenir un seul et même langage.

Mais à notre avis, le plus important est la préparation d’une édition critique du Coran selon les règles suivies dans les éditions des manuscrits anciens, en ajoutant des signes de ponctuations modernes, au lieu de nous fournir un texte décoré dans lequel le lecteur ne sait pas où la phrase commence ou où elle se termine, à moins qu’il ne soit connaisseur des signes d’arrêt complexes qui alourdissent le texte coranique.

Signalons que les signes de ponctuation pour l’écriture arabe ont été adoptés tardivement. Ils ont été élaborés par Ahmed Zaki Pacha, partant de la ponctuation dans les langues européenne, dans son livre «La ponctuation et ses signes dans la langue arabe» imprimé au Caire en 1912. Bien que plus d’un siècle se soit écoulé depuis la publication de ce livre, les autorités religieuses du monde arabe et islamique continuent d’émettre des fatwas interdisant la publication du Coran avec les signes de ponctuations modernes utilisés dans tous les écrits arabes. Ahmed Zaki Pacha est responsable de cette situation. Il dit dans son livre susmentionné: «Pour moi, il n’y a aucune raison d’utiliser ces signes pour écrire le Saint Coran, car les savants des récitations ont réglé de façon satisfaisante cette question».

Aslan, auteur arabe d’un livre sur les éditions critiques des manuscrits, dit: « Vous devez faire attention lors [de la transcription du manuscrit] de placer les signes de ponctuation: virgule, point, guillemets, points d’interrogation, points d’exclamation, crochets, etc. » Si cela est une condition nécessaire pour l’édition des manuscrits en général, que dire alors de la publication du texte du Coran?

Citons ici quelques opinions opposées à l’introduction de signes de ponctuation modernes dans le Coran:

  • La ponctuation conduit à l’interprétation, et se substitue parfois à l’intonation exprimant certaines significations – comme l’exclamation, la négation ou l’interrogation. Si elle contribue à une meilleure compréhension du texte, elle enferme les versets dans un sens plus étroit que ce qu’il devrait être puisque le Coran se prête à plusieurs interprétations.

  • Aucun signe de ponctuation ne peut être utilisé pour écrire des versets, et seuls les versets peuvent être séparés par un point. Quant aux points d’interrogation, d’exclamation, etc., il est interdit de les mentionner dans le Coran afin de préserver l’orthographe ottomane, sur laquelle les savants sont unanimes.

  • Un signe de ponctuation est un genre d’interprétation. Tout cela ajoute une explication ou change le sens du verset. Or l’interprétation est le point de vue de l’interprète, et nous ne pouvons pas imposer l’interprétation dans la parole de Dieu Tout-Puissant. Par conséquent, il n’est pas permis de faire mention des signes de ponctuation dans les versets coraniques, mais on peut dire dans l’explication que la compréhension de la part de l’exégète est telle ou telle, comme si nous mettions un signe de ponctuation après le mot tel ou tel.

  • Les signes d’arrêt approuvés dans le passé sont plus complets que ceux proposés par des étrangers. Alors pourquoi cherchons-nous à leur ressembler alors que nous en sommes dispensés? Puis placer des points d’exclamation et des points d’interrogation dans le livre de Dieu le rendra similaire à n’importe quel texte. Quant aux signes de ponctuations arabes, nous ne les trouvons que dans le Livre de Dieu.

  • Nous ne devons jamais discuter de l’ajout des signes de ponctuation dans le Coran, comme la virgule, le point d’interrogation et le point d’exclamation, pour plusieurs raisons. En premier lieu, les gens ont connu et se sont habitués au Saint Coran dans sa forme actuelle et usuelle. Mettre la ponctuation inévitablement et sans doute troublera les gens. Nous devons rendre le Coran facile, et ces signes seront une source d’ambiguïté. En deuxième lieu, si nous introduisons ces signes dans la version arabe du Coran, nous devons le faire pour les autres langues utilisant l’alphabet arabe comme la langue pakistanaise et autres langues. Ces différents signes poseront inévitablement un problème pour les gens. Enfin, il faut éviter que le Coran ne devienne un jouet dans les mains des gens, chacun cherchant à y introduire ce qu’il estime le plus approprié, sous prétexte de développer ce grand livre même si de tels ajouts dérangent la compréhension des gens.

Yusuf Al-Qaradawi a écrit sur son site en réponse à une question sur l’ajout de signes de ponctuation dans le Coran:

Ce que vous avez demandé à propos de l’utilisation des signes de ponctuation, tels que: virgule, point-virgule, point d’interrogation, point d’exclamation, les deux points, etc., je n’y vois rien de mal, mais plutôt je le préfère parce que cela aide à comprendre le texte coranique. Je me tiens personnellement à cela en citant les textes du Noble Coran dans mes livres, mes conférences et tout ce que j’écris. Je m’y suis habitué depuis longtemps et je conseille à tous les écrivains de suivre mon exemple. J’ai cependant des réserves concernant le signe marquant une phrase incise pour que le lecteur ne pense pas qu’une telle phrase est hors texte. Je n’aime pas que ces signes soient source de confusion… C’est pourquoi je ne vois rien de mal à utiliser ces signes pour plus de clarté et comme aide pour mieux comprendre.

On peut en conclure qu’Al-Qaradawi ne voit pas d’inconvénient à l’utilisation des signes de ponctuation modernes dans les citations, mais non pas pour l’ensemble du Coran.

L’Autorité générale des affaires islamiques et des waqfs aux Émirats arabes unis a répondu à une question similaire concernant la publication de l’ensemble du Coran et les citations:

Il n’est pas permis de mettre des signes de ponctuation dans le Saint Coran comme les deux points et les points d’interrogation. La raison de l’interdiction d’écrire le Coran avec les ponctuations est de conserver l’orthographe sur laquelle les compagnons se sont mis d’accord. L’écriture du Coran est en partie tawqifi (définitif), comme c’est le cas de l’orthographe ottomane à laquelle on ne peut pas toucher. Mais une partie de l’écriture du Coran est objet d’effort dans l’intérêt du texte coranique pour faciliter sa lecture. Ainsi les érudits ont distingué cette partie en mettant des signes en rouge ou en vert. Et comme cela n’est pas définitif, cela a fait l’objet de divergences. Quant à placer des signes de ponctuation en dehors du Coran, comme dans l’écriture d’un verset sur un tableau ou des papiers pour l’enseignement, cela est permis. Imam Malik a autorisé l’utilisation de l’orthographe moderne afin de préserver le Coran de toute altération de la part des étudiants. Le savant Abu Amr Al-Dani, a déclaré dans son livre sur la ponctuation du Coran: Malik a dit, et on ne cesse de me poser des questions sur la ponctuation dans le Coran: En ce qui concerne le Coran officiel, j’estime qu’il ne faut y ajouter rien qui n’en fait pas partie. Quant au Coran et aux tablettes qui servent à l’enseignement des enfants, je n’y vois aucun mal.

Certains musulmans ont appelé à l’introduction de la ponctuation moderne dans la publication du Coran. Par exemple, le Dr Muhammad Obaid, professeur égyptien de la langue arabe en Arabie saoudite, a écrit un article intitulé: «Le Saint Coran a-t-il besoin de ponctuation?» Il dit:

Cette question dans le titre de l’article avait déjà été posée, mais il n’y a pas d’organisme scientifique – pour autant que je sache – qui s’est penché sur cette question que je considère importante et devrait être discutée sérieusement. Le problème consiste dans l’importance de la ponctuation car elle aide beaucoup à comprendre le texte et à résoudre ses problèmes, d’autant plus que le Coran est lu par les Arabes et les non-Arabes et ils sont les plus nombreux. De l’avis de beaucoup, les signes de ponctuation peuvent les aider à comprendre ce que le législateur entend pour eux. Alors comment un non-arabe peut comprendre les buts des styles comme l’interrogation, le négation, l’exclamation, l’injonction, l’interdiction et d’autres styles dont le sens varie selon le destinataire. […]. J’espère que les autorités académiques, telles que les départements de langue arabe, et ceux intéressés par l’étude, l’interprétation et la publication du Saint Coran adopteront un tel projet, soit en l’appuyant ou en le rejetant, de façon objective afin de servir parfaitement le Livre de Dieu Tout-Puissant, en particulier pour les non-arabophones.

Il est à signaler ici que l’Arabie saoudite distribue des millions d’exemplaires de traductions du Coran comportant des signes de ponctuation modernes. Alors que le texte arabe qu’elle distribue est sans ponctuation. Il n’est pas juste que le lecteur occidental reçoive un meilleur service que le lecteur arabe. Aujourd’hui, il n’est pas possible de publier un livre, une étude ou un article sans respecter les règles modernes de numérotation. Un site Web en arabe résume les avantages de la ponctuation dans les points suivants:

1) Elle facilite la compréhension du lecteur, fournit une prise de conscience des significations, interprète les intentions et clarifie les structures pendant la lecture.

2) Elle nous présente les emplacements des séparations des phrases et des divisions des notions, et l’identification des endroits où il faut s’arrêter … pour améliorer l’énonciation du discours.

3) Elle facilite la lecture, épargnant du temps dans la recherche du sens, un sens mieux saisissable si le texte est ponctué et ses éléments séparés. On perd plus de temps à lire un texte non-ponctué qu’un texte ponctué.

4) La ponctuation joue le rôle des gestes corporels et les intonations pour rendre le sens plus clair. Elle est similaire aux signalisations de la circulation, sans lesquelles beaucoup d’usagers des routes perdraient leur chemin.

5) Elle organise le sujet, embellit sa langue et améliore sa présentation. Le texte apparaît ainsi dans une esthétique particulière qui détend les lecteurs, les motive à le lire et à l’apprécier.

Si la ponctuation est requise dans un texte ordinaire, combien plus quand il s’agit du Coran lui-même qui pousse à sa contemplation. Il suffit ici de se référer à la controverse soulevée par le verset H-89/3:7. Ce verset dit:

H-89/3:7. C’est lui qui a fait descendre sur toi le livre. Il en est des signes précis qui sont la mère du livre, et d’autres qui sont équivoques. Ceux dans les cœurs desquels il y a une déviance, suivent ce qui en est équivoque, recherchant la subversion et recherchant son interprétation. Mais nul ne sait son interprétation, sauf Dieu. Et ceux fermes dans la connaissance disent: «Nous y avons cru. Tout est de la part de notre Seigneur». ~ Mais seuls les dotés d’intelligence se rappellent.

هُوَ ٱلَّذِيٓ أَنزَلَ عَلَيۡكَ ٱلۡكِتَٰبَ. مِنۡهُ ءَايَٰتٞ مُّحۡكَمَٰتٌ هُنَّ أُمُّ ٱلۡكِتَٰبِ، وَأُخَرُ مُتَشَٰبِهَٰتٞ. فَأَمَّا ٱلَّذِينَ فِي قُلُوبِهِمۡ زَيۡغٞ، فَيَتَّبِعُونَ مَا تَشَٰبَهَ مِنۡهُ، ٱبۡتِغَآءَ ٱلۡفِتۡنَةِ وَٱبۡتِغَآءَ تَأۡوِيلِهِۦ. وَمَا يَعۡلَمُ تَأۡوِيلَهُۥٓ، إِلَّا ٱللَّهُ. وَٱلرَّٰسِخُونَ فِي ٱلۡعِلۡمِ يَقُولُونَ: «ءَامَنَّا بِهِۦ. كُلّٞ مِّنۡ عِندِ رَبِّنَا». ~ وَمَا يَذَّكَّرُ إِلَّآ أُوْلُواْ ٱلۡأَلۡبَٰبِ.

Il y a ceux qui divisent ce verset en plaçant un point après la connaissance. Et ainsi le sens du verset change totalement:

C’est lui qui a fait descendre sur toi le livre. Il en est des signes précis qui sont la mère du livre, et d’autres qui sont équivoques. Ceux dans les cœurs desquels il y a une déviance, suivent ce qui en est équivoque, recherchant la subversion et recherchant son interprétation. Mais nul ne sait son interprétation, sauf Dieu et ceux fermes dans la connaissance. Ils disent …. C’est l’interprétation donnée par Makki, alors que d’autres exégèses réfute une telle interprétation.

En plus des avantages de la ponctuation pour la compréhension du Coran, il faut tenir compte des besoins des traducteurs d’avoir un texte ponctué, surtout dans les versets longs. Prenons l’exemple du verset le plus long qui comporte 18 phrases:

H-87/2:282. Ô vous qui avez cru! Quand vous contractez une dette jusqu’à un terme nommé, écrivez-la. Qu’un scribe l’écrive parmi vous en justice. Que le scribe ne refuse pas d’écrire selon ce que Dieu lui a enseigné. Qu’il écrive donc, et que dicte le débiteur. Qu’il craigne Dieu, son Seigneur, et n’en réduise rien. Si le débiteur est insensé, ou faible, ou ne peut dicter lui-même, que son allié dicte en justice. Faites témoigner deux témoins parmi vos hommes. À défaut de deux hommes, [prenez] alors un homme et deux femmes parmi ceux que vous agréez comme témoins, [de sorte que] si l’une d’elles s’égare, l’autre puisse alors lui rappeler. Que les témoins ne refusent pas quand ils sont appelés. Ne vous lassez pas d’écrire la dette, qu’elle soit petite ou grande, jusqu’à son terme. Voilà ce qui est plus équitable auprès de Dieu, plus élevé pour le témoignage, et le moindre [pour que] vous ne doutiez pas. Mais s’il s’agit d’un commerce présent que vous tournez parmi vous, nul grief sur vous à ne pas l’écrire. Et prenez des témoins, lorsque vous faites une vente parmi vous. Aucune nuisance ne doit être faite au scribe ou au témoin. Si vous faisiez, cela serait une perversité de votre part. Craignez Dieu. Dieu vous enseigne. ~ Dieu est connaisseur de toute chose.

يَٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوٓاْ! إِذَا تَدَايَنتُم بِدَيۡنٍ إِلَىٰٓ أَجَلٖ مُّسَمّٗى، فَٱكۡتُبُوهُ. وَلۡيَكۡتُب بَّيۡنَكُمۡ كَاتِبُۢ بِٱلۡعَدۡلِ. وَلَا يَأۡبَ كَاتِبٌ أَن يَكۡتُبَ كَمَا عَلَّمَهُ ٱللَّهُ. فَلۡيَكۡتُبۡ، وَلۡيُمۡلِلِ ٱلَّذِي عَلَيۡهِ ٱلۡحَقُّ. وَلۡيَتَّقِ ٱللَّهَ، رَبَّهُۥ، وَلَا يَبۡخَسۡ مِنۡهُ شَيۡ‍ٔٗا. فَإِن كَانَ ٱلَّذِي عَلَيۡهِ ٱلۡحَقُّ سَفِيهًا، أَوۡ ضَعِيفًا، أَوۡ لَا يَسۡتَطِيعُ أَن يُمِلَّ هُوَ، فَلۡيُمۡلِلۡ وَلِيُّهُۥ بِٱلۡعَدۡلِ. وَٱسۡتَشۡهِدُواْ شَهِيدَيۡنِ مِن رِّجَالِكُمۡ. فَإِن لَّمۡ يَكُونَا رَجُلَيۡنِ، […]فَرَجُلٞ وَٱمۡرَأَتَانِ مِمَّن تَرۡضَوۡنَ مِنَ ٱلشُّهَدَآءِ، […]أَن تَضِلَّ إِحۡدَىٰهُمَا، فَتُذَكِّرَ إِحۡدَىٰهُمَا ٱلۡأُخۡرَىٰ. وَلَا يَأۡبَ ٱلشُّهَدَآءُ، إِذَا مَا دُعُواْ. وَلَا تَسۡ‍َٔمُوٓاْ أَن تَكۡتُبُوهُ، صَغِيرًا أَوۡ كَبِيرًا، إِلَىٰٓ أَجَلِهِۦ. ذَٰلِكُمۡ أَقۡسَطُ عِندَ ٱللَّهِ، وَأَقۡوَمُ لِلشَّهَٰدَةِ، وَأَدۡنَىٰٓ […]أَلَّا تَرۡتَابُوٓاْ. إِلَّآ أَن تَكُونَ تِجَٰرَةً حَاضِرَةٗ تُدِيرُونَهَا بَيۡنَكُمۡ، فَلَيۡسَ عَلَيۡكُمۡ جُنَاحٌ أَلَّا تَكۡتُبُوهَا. وَأَشۡهِدُوٓاْ، إِذَا تَبَايَعۡتُمۡ. وَلَا يُضَآرَّ كَاتِبٞ وَلَا شَهِيدٞ. وَإِن تَفۡعَلُواْ، فَإِنَّهُۥ فُسُوقُۢ بِكُمۡ. وَٱتَّقُواْ ٱللَّهَ. وَيُعَلِّمُكُمُ ٱللَّهُ. ~ وَٱللَّهُ بِكُلِّ شَيۡءٍ عَلِيمٞ.

Essayez maintenant de supprimer toutes les ponctuations du texte français et de remplacer les lettres majuscules par des lettres minuscules, et vous comprendrez la difficulté que rencontre le traducteur. Chaque traducteur tente alors d’imaginer les ponctuations selon sa propre compréhension. D’où les divergences entre les traductions, d’autant plus que ce verset comporte des lacunes signalées par […]. Remarquez que le texte arabe produit ici provient de ma propre édition arabe du Coran à laquelle j’ai ajouté les ponctuations modernes. Remarquez ici que la langue arabe ne connaît pas des lettres majuscules qui pourraient aider à découvrir le début d’une phrase.

Face à la paresse et à l’indifférence des institutions religieuses et universitaires des pays arabes et islamiques, nous avons décidé dans notre édition arabe du Coran et du texte arabe accompagnant nos traductions d’introduire des signes de ponctuations modernes, en s’appuyant sur plusieurs recherches arabes, sans toucher aux signes d’arrêts traditionnels utilisés dans les Corans actuels. Nous ne revendiquons pas l’infaillibilité dans notre travail, nous espérons plutôt que d’autres corrigeront ce que nous avons fait. Précédemment, l’imam Abu Hanifa al-Numan a déclaré: «Nous avons appris que c’est une opinion, et c’est le meilleur de ce que nous avons pu faire. Celui qui nous amène une opinion meilleure, nous l’acceptons de lui ».

Il n’est pas nécessaire ici d’afficher les signes de ponctuation modernes que nous avons utilisés. Nous nous contentons de mentionner les signes suivants:

Point: indique la fin de la phrase. Si la fin du verset ne correspond pas à la fin de la phrase, la phrase est laissée sans point ou avec une virgule, le cas échéant.

[…]: Ces crochets avec trois points de suspension indiquent que le verset comporte une lacune.

[—]: Ces rochets avec trois tirets indiquent le passage d’un sujet à un autre sans lien entre eux.

~: Ce signe qui correspond à la madda arabe et au tilde espagnol indique les éléments ajoutés à la fin d’un verset afin de maintenir la rime, éléments qui ont rarement une relation avec les passages précédents. Il est précédé d’un point s’il est indépendant du sens du verset.

Nous avons défini la fin de la phrase, qui est appelée « début complet » ou « arrêt complet », sur la base des signes d’arrêts dans l’édition du Coran publiée par le complexe Roi Fahd pour l’impression du Noble Coran. Nous nous sommes appuyés sur l’identification des autres signes de ponctuation sur les ouvrages suivants:

  • La traduction française de Muhammad Hamidullah publiée par le complexe Roi Fahd pour l’impression du Noble Coran.

  • La traduction française de Zeinab Abdelaziz de l’Université Al-Azhar.

  • La Sélection dans l’exégèse du Saint Coran publié par le Conseil suprême des affaires islamiques en Égypte.

  • L’exégèse publiée par le complexe Roi Fahd pour l’impression du Noble Coran.

Pour identifier les incises, nous nous sommes appuyés sur des exégèse et autres ouvrages, notamment:

  • Tafsir Al-Baydawi.

  • Tafsir Al-Jalalayn.

  • Tafsir Al-Zamakhshari.

  • Bissendi: Dhahirat al-iqham fil-tarakib al-lughawiyyah.

  • Mubaraki: Al-i’tirad fil-Qur’an al-karim, mawaqi’uhu wa-dalalatuh fil-tafsir.

Les exégètes n’ont pas prêté attention aux discours, et ils n’ont pas décidé quand l’interlocuteur le commence et le finit. Nous nous sommes inspirés des deux traductions françaises mentionnées. Bien que les deux traductions soient généralement en accord pour déterminer le début du discours, elles diffèrent en ce qui concerne sa fin. Mais il y a aussi une divergence pour la détermination du début du discours, comme dans le verset 59-39: 53:

H-59/39:53. [—] Dis: «Ô mes serviteurs qui avez excédé à votre propre détriment! Ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Dieu pardonne toutes les fautes. ~ Il est le pardonneur, le très miséricordieux».

[—] قُلۡ: «يَٰعِبَادِيَ ٱلَّذِينَ أَسۡرَفُواْ عَلَىٰٓ أَنفُسِهِمۡ! لَا تَقۡنَطُواْ مِن رَّحۡمَةِ ٱللَّهِ. إِنَّ ٱللَّهَ يَغۡفِرُ ٱلذُّنُوبَ جَمِيعًا. ~ إِنَّهُۥ هُوَ ٱلۡغَفُورُ، ٱلرَّحِيمُ».

Il est clair que l’orateur dans ce verset est Dieu et que le destinataire est Mahomet. Mais comme il est inconcevable que Mahomet dise: «Mes esclaves», les exégètes ont corrigé ce verset comme suit:

Dis à mes serviteurs qui ont excédé à votre propre détriment: «Ne désespérez pas de la miséricorde de Dieu. Dieu pardonne toutes les fautes. ~ Il est le pardonneur, le très miséricordieux».

Muhammad Hamidullah a traduit ce verset comme suit:

Dis: « ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux »

Alors que Zeinab Abdelaziz le traduit comme suit, en suivant la correction des exégètes:

Annonce à Mes serviteurs, qui firent des excès contre eux-mêmes : « Ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah ». Certes, Allah Absout les péchés en totalité. Il Est Lui l’Absoluteur, le Miséricordieux.


Sami Aldeeb, dr en droit
Directeur du Centre de droit arabe et musulman https://www.sami-aldeeb.com
Traducteur du Coran en français, en anglais et en italien par ordre chronologique
Voir ses écrits: https://www.sami-aldeeb.com/livres-books

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