Micheline Calmy-Rey: « Comment imaginer encore deux Etats qui vivent côte à côte au Proche-Orient? »

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Violences israélo-palestiniennes: la réaction de Micheline Calmy-Rey [RTS]
Violences israélo-palestiniennes: la réaction de Micheline Calmy-Rey / 19h30 / 1 min. / le 16 mai 2021
Invitée du 19h30 dimanche, l’ex-conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey est revenue sur la crise israélo-palestinienne. Pour elle, la situation actuelle prouve l’échec de la communauté internationale et il en devient même de plus en plus difficile d’imaginer une solution à deux Etats.

Depuis le début de cette haute phase de tensions, plus de 200 Palestiniens, dont plusieurs dizaines d’enfants, ont péri et plus de 1200 personnes ont été blessées dans les raids de l’armée israélienne dans la bande de Gaza. Dans le même temps, Israël fait face au rythme le plus élevé de roquettes jamais tirées vers son territoire.

Pour Micheline Calmy-Rey, en charge du Département fédéral des affaires étrangères jusqu’en 2011, il est « terrible de voir ces images » mais c’est malheureusement un sentiment de répétition qui prédomine: « On est tous très touchés par ce qu’on voit, des roquettes qui sont lancées, des attaques aériennes sur des populations civiles, des pères, des mères, des enfants qui meurent et des centaines de blessés (…) l’histoire se répète, ces haines sourdaient à bas bruit depuis longtemps et tout d’un coup, une allumette met l’étincelle et tout s’embrase », explique-t-elle.

>> Lire aussi: Au moins 40 morts dans les raids israéliens à Gaza, le plus lourd bilan quotidien

Un échec de la communauté internationale et des Etats-Unis

Pour l’ex-responsable de la diplomatie helvétique, la situation actuelle montre surtout une fois de plus la faillite du droit international humanitaire. La Genevoise estime en effet que le conflit est émaillé de « violations du droit international » et que l’impunité est flagrante.

« Aujourd’hui, on s’offusque, on crie, on demande le cessez-le-feu (…) mais c’est un échec du droit international humanitaire, de la communauté internationale, qui a regardé un peu ailleurs, et en particulier de l’administration américaine, qui se rend bien compte maintenant que ce n’est plus possible », juge-t-elle.

>> Revoir le reportage du 19h30 qui revient sur le branle-bas diplomatique pour le Proche-Orient:

Branle-bas diplomatique pour le Proche-Orient [RTS]
Branle-bas diplomatique pour le Proche-Orient / 19h30 / 1 min. / le 16 mai 2021

 

D’après la socialiste, ces violences marquent aussi la fin de l’ère Trump. En se focalisant sur les dossiers iranien ou chinois, l’ex-locataire de la Maison Blanche aurait négligé la dangerosité du conflit israélo-palestinien: « Il n’y a pas que la Chine, l’Asie et l’Iran (…) Il y a là aussi un foyer de violences et de conflits, on assiste donc à la fin de l’époque où on a imaginé un plan de paix qui faisait fi des demandes des Palestiniens et qui voulait juste une normalisation des relations entre Israël et les monarchies du Golfe. »

Une solution à deux Etats de moins en moins possible

Alors qu’elle était conseillère fédérale, Micheline Calmy-Rey a été partie prenante d’une tentative de résolution du conflit. Présentée en 2003, l’initiative de Genève avait pour but de régler tous les litiges entre Israéliens et Palestiniens. Comme beaucoup d’autres plans de paix avant lui, il a finalement échoué. Pour l’ex-conseillère fédérale, il s’agissait d’une proposition sérieuse, mais il n’est plus du tout sûr qu’un tel plan soit encore réalisable aujourd’hui.

>> Revoir le reportage du 19h30 sur l’initiative de Genève en 2003:

Négociations sans fin au Proche-Orient: le cas de l'initiative de Genève [RTS]
Négociations sans fin au Proche-Orient: le cas de l’initiative de Genève / 19h30 / 2 min. / le 16 mai 2021

 

>> Et l’intervention de Micheline Camly-Rey, qui avait participé directement à ce plan de paix:

Micheline Calmy-Rey, ex-ministre des Affaires étrangères, revient sur l'initiative de Genève [RTS]
Micheline Calmy-Rey, ex-ministre des Affaires étrangères, revient sur l’initiative de Genève / 19h30 / 2 min. / le 16 mai 2021

 

« Dans quelle mesure cela peut-il être réaliste aujourd’hui? Les territoires palestiniens sont fractionnés, rongés, ce sont des bouts de territoire. Au surplus, cela exigerait maintenant des mouvements de population de la part des colons, de la part de certains réfugiés qui pourraient revenir. Je vois mal comment cela pourrait se faire. Et puis, il y a le problème du vivre-ensemble entre les communautés. Quand on voit toute la haine et la violence qui sourdent actuellement, on se demande comment il est possible d’imaginer encore deux Etats qui vivent côte à côte », conclut-elle.

Propos recueillis par Fanny Zürcher

Adaptation web: Tristan Hertig

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