Sami Aldeeb: La Palestine et le nazisme juif – Episode 5

C’est le cinquième épisode de la série d’articles intitulés La Palestine et le nazisme juif, publiés en arabe et en français, enregistrés sur ma chaîne youtube https://www.youtube.com/user/samialdeeb/videos. Les articles en langue arabe sont publiés sur ma page dans le forum arabe http://www.ahewar.org/m.asp?i=5388

Je répète ici que la notion de nazisme juif n’est pas de moi. Elle est empruntée au philosophe israélien Yeshayahu Leibowitz, Professeur de l’Université hébraïque de Jérusalem, décédé en 1994, opposant de la politique d’Israël, qu’il décrit comme étant un régime judéo-nazi.

Nous parlerons ici de la confiscation des biens des non-juifs et leur attribution aux juifs.

L’acquisition des terres de la Palestine figurait parmi les principaux objectifs du mouvement sioniste, depuis sa fondation à la fin du siècle dernier.

Tandis que jusqu’à 1948, ce mouvement était obligé de procéder de manière très discrète, alternant l’appât à la pression, voire les menaces déguisées, il lui sera possible de donner libre cours à ses ambitions immédiatement après la création de l’Etat d’Israël à travers tout un appareil juridique contre les palestiniens non-juifs.

– La première de ces lois date de 1950 et concerne les biens des propriétaires absents. Etaient considérés comme absents, non seulement ceux que l’Etat d’Israël a expulsés ou qui ont dû fuir devant les massacres, mais aussi les personnes qui s’étaient déplacées d’une région à l’autre pendant les hostilités ou pour une affaire. Il suffisait qu’un non-juif ait quitté son lieu de résidence pendant quelques jours pour qu’il soit considéré comme absent même s’il était entre-temps revenu chez lui. Il suffisait aussi que l’administration ait établi une attestation affirmant que telle ou telle personne était considérée comme absente, sans vraiment l’avoir été. La loi ajoutait que l’administration ne pouvait être attaquée devant un tribunal pour sa décision. Les terres et les biens mobiliers des uns et des autres ont été saisis par Israël et mis sous la garde d’un tuteur qui pouvait en disposer comme bon lui semblait. Selon l’annuaire du gouvernement de 1959, les biens ruraux des propriétaires non-juifs déclarés absents de la sorte comportaient 300 villages abandonnés ou partiellement abandonnés; quant aux biens urbains, ils sont composés de 25’416 bâtiments avec 45’497 appartements et 10’729 locaux commerciaux, ateliers, etc.

– La deuxième loi est un règlement urgent de défense, hérité du mandat britannique et reconduit par Israël. L’article 125 de ce règlement permettait à l’autorité de déclarer une zone comme close. Ainsi on expulsa des villageois non-juifs de leurs villages déclarés zones interdites.

– Une troisième loi de 1949, dite ordonnance d’urgence, zone de sécurité, permettait à l’autorité d’expulser les habitants d’un village et de leur en interdire l’accès, celui-ci n’étant accordé qu’aux seuls juifs.

– Une quatrième loi de 1949 permettait à Israël de déposséder les paysans non-juifs de leurs terres jugées mal exploitées pour les donner à des kibboutz.

– Une cinquième loi de 1949 visait à combler les lacunes que pouvaient présenter les précédentes lois. Cette loi permettait à l’autorité de saisir la terre d’un non-juif pour raison de sécurité ou d’autres raisons, mais aboutissant toujours au même résultat: déposséder le palestinien non-juif de sa terre pour l’attribuer à des juifs.

– Une sixième loi de 1953 couronne les cinq premières lois. Elle réglait le transfert de la propriété des terres confisquées par les lois précédentes à l’autorité de développement.

On entend souvent dire que les palestiniens ont vendu leurs terres à l’Agence juive et au Fonds national juif. Ces organisations cependant n’ont pu acquérir jusqu’à la création de l’Etat d’Israël que 936’000 dunam (1 dunam = 900 m2) au grand maximum, ce qui représente 3.5% de la Palestine sous mandat ou environ 5% du territoire d’Israël avant 1967. Le Fonds national juif estime les terres appartenant à des palestiniens tombées dans les mains de l’Etat juif à environ 88% de l’ensemble des terres de la Palestine dans les frontières d’armistice de 1949.

Sur les terres appartenant aux palestiniens non-juifs, l’Etat d’Israël a créé de nouvelles localités, des kibboutz ou des mochav. Les non-juifs ne peuvent résider dans ces localités construites sur leurs propres terres; ils n’y sont admis que comme travailleurs.

Cette interdiction est motivée par le concept de la rédemption de la terre, enseigné dans toutes les écoles israéliennes dès le jardin d’enfants. Lorsqu’une terre propriété d’un non-juif devient la propriété d’un juif, cette terre est considérée comme rachetée, dans le sens religieux du terme, même si elle a été confisquée par la force et l’expulsion de son propriétaire non-juif. C’est le cas de la très grande majorité des terres d’Israël (environ 92%). Ces terres ne peuvent ni être vendues, ni louées à un non-juif. Aucun non-juif ne peut y ouvrir un négoce. Si un juif viole cette interdiction, il est poursuivi devant les tribunaux. Certaines localités juives qui avaient loué des terres à des palestiniens pour les cultiver ont été effectivement punies.

Cette interdiction est aussi valable dans les kibboutz, construits en général sur des terres prises aux arabes. Une fille juive habitant un kibboutz mariée avec un jeune palestinien s’est vue interdire de rester dans ce kibboutz pourtant situé sur l’emplacement du village détruit de son mari.

Israel Shahak écrit: « Les kibboutz, y compris ceux affiliés au parti Mapam, sont les plus racistes en Israël après les nationalistes religieux. Car ils cachent leur racisme avec une sorte d’hypocrisie révoltante ». Il ajoute que si de telles pratiques discriminatoires étaient appliquées contre les juifs dans d’autres pays, cela provoquerait, à juste titre, des réactions immédiates et massives contre l’anti-sémitisme. Quelle est donc la différence? Il répond: « En fait, les sionistes ici <en Israël>, et les anti-sémites ailleurs se trouvent du même côté de la barrière. L’Etat d’Israël et les organisations sionistes réussissent à faire ici ce que les anti-sémites essaient généralement sans succès de faire dans d’autres pays ».

Signalons que le concept de la rédemption de la terre s’applique aussi aux colonies installées dans les territoires occupés en 1967. Seuls les juifs peuvent devenir membres de ces colonies, y habiter et y ouvrir un négoce.

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Sami Aldeeb, dr en droit
Directeur du Centre de droit arabe et islamique https://www.sami-aldeeb.com
Mes ouvrages: https://sami-aldeeb.com/livres-books

Liste des localités palestiniennes détruites par Israël et dont les habitants ont été chassés pour le seul crime qu’ils ne sont pas juifs: https://goo.gl/7kfiWK

Discriminations contre les non-juifs en Israël: https://goo.gl/cDZ2Z4

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