Sami Aldeeb: La Palestine et le nazisme juif – Episode 6

C’est le sixième épisode de la série d’articles intitulés La Palestine et le nazisme juif, publiés en arabe et en français, enregistrés sur ma chaîne youtube https://www.youtube.com/user/samialdeeb/videos. Les articles en langue arabe sont publiés sur ma page dans le forum arabe http://www.ahewar.org/m.asp?i=5388

Je répète ici que la notion de nazisme juif n’est pas de moi. Elle est empruntée au philosophe israélien Yeshayahu Leibowitz, Professeur de l’Université hébraïque de Jérusalem, décédé en 1994, opposant de la politique d’Israël, qu’il décrit comme étant un régime judéo-nazi.

Nous parlerons ici des expulsions et des destructions après 1967

1) Expulsions

Pendant la guerre des six jours, les avions israéliens, volant à basse altitude sur les 3 camps de réfugiés dans la plaine de Jéricho, ont fait fuir 70’000 réfugiés palestiniens vers l’autre côté du Jourdain. Après la guerre, ils ne furent pas autorisés à y revenir.

Il faut y ajouter environ 140’000 palestiniens qui ont quitté les territoires occupés. Les raisons de leur départ sont multiples. Certains sont allés rejoindre des membres de leurs familles qui se trouvaient de l’autre côté du Jourdain et dont ils craignaient la séparation. D’autres, par contre, furent forcés de partir. On savait peu sur ces départs. Mais récemment, un soldat israélien s’est mis à témoigner à la suite d’une déclaration du Président Herzog, alors gouverneur de Cisjordanie, pour qui le départ des palestiniens était volontaire.

Ce soldat était stationné pendant quatre mois sur la frontière qui traverse le Pont Allenby. Son travail consistait à faire signer un formulaire de sortie volontaire aux vagues de réfugiés qui partaient. Il devait prendre leur pouce, le tremper dans l’encre, et l’apposer sur le formulaire qui comportait une clause selon laquelle le signataire quittait le pays volontairement, renonçait à sa citoyenneté et n’avait aucune réclamation envers l’Etat d’Israël.

Des dizaines de bus arrivaient chaque jour. Parmi les partants, dit le soldat, il y en avait certainement qui partaient volontairement. Mais, ajoute-t-il, une grande partie était tout simplement expulsée. Même les expulsés devaient signer qu’ils partaient volontairement. Ceux qui refusaient de partir était traînés hors des bus à coups de crosses de fusil et à coups de poing. Le soldat devait alors prendre leur pouce et les faisait signer. Si quelqu’un refusait de donner sa main pour signer, un gang de gardes-frontière et de troupes para arrivait et commençait à le frapper. Le soldat alors prenait son doigt de force, le trempait dans l’encre et le faisait signer.

La dernière mesure israélienne en date pour évacuer le pays de ses habitants non-juifs est la déportation des femmes sans cartes d’identité militaires mariées à des palestiniens des territoires occupés.

Il s’agit souvent de femmes nées en Cisjordanie, mais qui ne s’y trouvaient pas lorsqu’Israël l’occupa en 1967. Elles n’ont donc pas été recensées par les autorités israéliennes. Par la suite, certaines de ces femmes sont revenues dans leurs villages d’origine pour épouser leurs cousins comme le veut la tradition. Israël ne les considère que comme simple visiteurs au bénéfice d’un permis de séjour de trois mois obtenu contre paiement. Pendant ce temps, ces femmes entreprennent des démarches en vue de la réunion familiale, dont fort peu aboutissent, pour qu’elles puissent rester auprès de leurs maris.

Après un premier échec, ces femmes tentent alors de rester dans le pays en espérant obtenir la réunion familiale. Israël considère un tel séjour comme illégal; il  déporte ces femmes avec leurs enfants, séparant ainsi les membres de la même famille. Cela se passe souvent pendant la nuit. Le couvre-feu est imposé au village, l’armée arrive et donne une dizaine de minutes à la femme pour qu’elle se prépare à quitter le pays avec ses enfants. Une forte amende pour séjour illégal lui est imposée. Emmenée de nuit au Pont Allenby, elle doit attendre le matin pour passer de l’autre côté du Jourdain.

Bien que le nombre exact des demandes refusées depuis 1967 soit inconnu, des statistiques de 1990 données par le Ministère de la défense indiquent qu’au moins 64’000 demandes de réunion familiale ont été rejetées. Selon différentes sources, la déportation concernerait environ 200’000 femmes palestiniennes avec leurs enfants.

2) Destructions

Après la guerre de 1967, Israël a procédé à des destructions de villages non-juifs, mais à moindre échelle que ce qu’il avait fait après sa création.

Dans la région de Latroun, les habitants de Beit-Nuba, Yalou et Emmaüs, ont été sommés de quitter leurs villages avant que les bulldozers ne rasent toutes les maisons (voir les photos à la fin de cette brochure). Les vieux et les malades qui n’ont pas pu partir, ont été tués vivants sous les décombres de leurs maisons. Leurs terres et leurs machines agricoles ont été livrées aux kibboutz voisins. Sur l’emplacement de ces villages, Israël a planté une forêt dite Parc Canada pour pique-niqueurs, financée par la générosité de la communauté juive canadienne. Ce Parc a coûté 15’000’000 dollars selon un document distribué aux visiteurs. Quant aux habitants, ils ne sont même pas autorisés à enterrer leurs morts près de leurs ancêtres. Certains ont pris le chemin de l’exil vers la Jordanie et d’autres ont été mis dans des camps de réfugiés.

Aujourd’hui encore, Israël continue sa politique de destruction des maisons de palestiniens. La Commission Justice et Paix de Jérusalem a consacré sa circulaire de juillet 1989 à cette mesure punitive. Nous en citons quelques extraits:

Entre le 9 décembre 1987 (début de l’intifada) et le 31 mai 1989, 706 maisons furent détruites, et 55 scellées ou murées. Il faut y ajouter plus de 45 maisons démolies du fait qu’elles se trouvaient à proximité des maisons dynamitées. Ainsi, environ 8’000 personnes dans les territoires occupés se trouvent sans abri à cause de la destruction ou du scellage de leurs maisons.

Israël justifie ces pratiques en invoquant des raisons de sécurité. Des maisons ont été dynamitées ou détruites au bulldozer, parce qu’un des habitants était accusé ou suspecté d’avoir jeté un cocktail molotov, parfois seulement une pierre, ceci même dans des cas où il n’y avait ni victimes ni dégâts matériels. Parfois des maisons ont été détruites uniquement parce que, dans leur proximité immédiate, une bouteille incendiaire avait été jetée contre un véhicule militaire. Les propriétaires ou les habitants n’avaient pourtant aucun lien avec l’incident. D’autres maisons ont été rasées parce que l’un de leurs habitants était accusé d’incitation, sans que le contenu de cette accusation n’ait été défini. Dans certains cas, des destructions ont été exécutées sans que les suspects, ou considérés comme tels, aient été arrêtés. Dans d’autres cas, la destruction sert de moyen de pression sur les familles pour les obliger à dénoncer un de leurs membres en fuite.

Très souvent les ordres de destruction sont donnés avant que les suspects n’aient été mis en accusation, et encore moins jugés. Les ordres sont exécutés à la hâte, afin d’empêcher tout appel éventuel. Cette précipitation a fait commettre plusieurs erreurs irréparables. Un des cas les plus éloquents est celui de Hamad Bani Shams du village de Beita. Dans cette localité, une jeune fille de la colonie d’Elon Moreh a été tuée par une balle de fusil tirée par le garde du corps israélien le 6 avril 1988, au cours d’un affrontement entre un groupe de marcheurs israéliens venant des colonies et des habitants du village. Accusé et emprisonné malgré ses protestations d’innocence, Hamad a passé 14 mois en prison avant que la Cour n’accepte l’alibi fourni par son employeur juif qui certifiait que le suspect était au travail chez lui au moment des faits. Finalement libéré en juin 1989, il a retrouvé sa femme et ses deux enfants, mais non pas sa maison dynamitée immédiatement après les incidents, en même temps que 12 autres maisons du même village.

La raison la plus fréquemment avancée par les autorités israéliennes pour justifier les destructions des maisons est l’absence de permis de construire.

L’augmentation considérable du nombre de maisons détruites pour avoir été construites sans permis est en fait motivée par des raisons politiques. Prenons par exemple le cas d’Abd-el-Aziz Shahatit de Khourza dans la région d’Hébron. C’est un maçon d’une trentaine d’années qui travaille pour une société de construction israélienne à Béershéba. Après avoir obtenu un permis de construire pour lui-même, en 1983, Abd-el-Aziz, père de 5 enfants, a construit une maison familiale durant ses heures de congé, ce qui lui a pris 5 ans. En juillet 1986, il a reçu une lettre du Département de la planification d’Hébron, à travers un colon israélien, Marcos, de la colonie voisine, lui donnant l’ordre d’arrêter sa construction parce qu’elle se trouvait à l’intérieur du périmètre de sécurité de cette colonie. Il a fait appel à l’administration civile israélienne de Ramallah. Après un an de procédure, l’avocat a obtenu que l’affaire soit renvoyée devant la Haute Cour. Néanmoins sa maison a été rasée avant que le procès ne commence. Le 25 avril 1988, son travail de 5 ans a été enseveli en 15 minutes.

La menace de détruire les maisons sans permis est brandie couramment pour intimider ou punir les villages qui s’engagent activement dans l’intifada. Au village d’Idna dans le district d’Hébron, 112 familles ont reçu, en mai 1988, la notification que leurs maisons seraient détruites du fait qu’elles ont été construites sans permis.

Les destructions continuent toujours. Au 30 juin 1991, les autorités israéliennes ont complètement détruit 467 maisons ou bâtiments palestiniens pour des raisons de sécurité, partiellement ou complètement muré 323 autres, et dynamité 1’108 parce qu’elles étaient illégales.

3) Plan de transfert général

Actuellement de nombreuses voix s’élèvent en Israël pour demander l’expulsion de tous les palestiniens des territoires occupés par Israël en 1967.

Ces idées étaient développées déjà dans le journal Davar du 29 septembre 1967 par Josef Weitz, vice-président du Comité de direction du Fonds national juif de 1951 à 1973. Pour lui, l’Etat d’Israël, comprenant la Cisjordanie, la Bande de Gaza, le Sinaï et les hauteurs du Golan, doit rester un Etat juif, avec une petite minorité non-juive ne dépassant pas les 15%. Il ajoutait:

Entre nous, nous devons être clairs qu’il n’y a pas de place dans le pays pour deux peuples ensemble. Avec les arabes, nous ne pourrons pas atteindre notre but d’être un peuple indépendant dans ce pays. La seule solution est un Eretz Israel sans arabes, au moins dans la partie ouest d’Eretz Israel, … et il n’existe pas d’autres moyens que de transférer les arabes d’ici aux pays voisins, les transférer tous, sans laisser un seul village ou une seule tribu, et le transfert doit être vers l’Irak, la Syrie et la Trans-Jordanie. Pour ce but, il faut trouver de l’argent, beaucoup d’argent; et c’est seulement avec un tel transfert que le pays peut absorber des millions de nos frères juifs. Il n’existe aucune autre alternative.

Yosef Weitz a de la suite dans les idées. Déjà en septembre 1948, il déclarait que les réfugiés palestiniens devaient être continuellement harcelés pour les éloigner le plus possible de leurs terres.

Dans une réunion tenue à Tel-Aviv en février 1988, le général israélien Zeevi proposait de résoudre le problème des palestiniens des territoires occupés par un transfert dans les pays arabes voisins affirmant qu’il « n’existe pas de solution plus juste et plus humaine » que cette solution. Ce général a réitéré ses propos à la Radio israélienne le 28 juin 1988. Il n’a pas dit comment il comptait procéder, si ces palestiniens refusaient de quitter leur pays. Il n’a pas non plus dit quel est le crime commis par ces palestiniens pour être déportés de leur propre pays, ni ce qu’il entendait faire de leurs terres et de leurs biens.

Signalons que le parti israélien Moledet a inscrit expressément dans son programme politique l’exigence du transfert vers les pays arabes de tous les palestiniens qui vivent en Cisjordanie et à Gaza.

L’Egypte serait en possession de rapports selon lesquels les responsables israéliens planifient l’encouragement d’actions juives extrémistes contre les palestiniens de la Cisjordanie et de Gaza. Le Premier Ministre Shamir et le Ministre de la Défense Rabin se seraient réunis avec des dirigeants et des militants d’organisations comme Kach, Gush Emunim, Fils de Judée, le groupe Gad et le groupe Terreur contre terreur. Ils auraient discuté des plans d’action pour intimider les palestiniens. Ces groupes auraient reçu des assurances de la part des autorités qu’ils ne seraient pas poursuivis, même s’ils utilisaient la violence pour remplir leur mission. Il s’agit donc d’une répétition de l’accord conclu en 1948 entre l’Irgoun et l’Agence juive dans le but de chasser les palestiniens. Ceci explique l’impunité avec laquelle les colons israéliens tuent et blessent des palestiniens avec des armes à feu mises à disposition par l’armée israélienne.

Les faits susmentionnés démontrent sans le moindre doute que nous nous trouvons face à un régime nazi.

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Sami Aldeeb, dr en droit
Directeur du Centre de droit arabe et islamique https://www.sami-aldeeb.com
Mes ouvrages: https://sami-aldeeb.com/livres-books

Liste des localités palestiniennes détruites par Israël et dont les habitants ont été chassés pour le seul crime qu’ils ne sont pas juifs: https://goo.gl/7kfiWK

Discriminations contre les non-juifs en Israël: https://goo.gl/cDZ2Z4

Emmaüs avant et après la destruction en 1967 … devenu Parc Canada pour pique-niqueurs financé par les juifs canadiens

Crime de guerre et crime contre l’humanité

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