Sami Aldeeb: La Palestine et le nazisme juif – Episode 7

C’est le septième épisode de la série d’articles intitulés La Palestine et le nazisme juif, publiés en arabe et en français, enregistrés sur ma chaîne youtube https://www.youtube.com/user/samialdeeb/videos. Les articles en langue arabe sont publiés sur ma page dans le forum arabe http://www.ahewar.org/m.asp?i=5388

Je répète ici que la notion de nazisme juif n’est pas de moi. Elle est empruntée au philosophe israélien Yeshayahu Leibowitz, Professeur de l’Université hébraïque de Jérusalem, décédé en 1994, opposant de la politique d’Israël, qu’il décrit comme étant un régime judéo-nazi.

Nous parlerons ici de la loi anti-missionnaire, de la conversion au judaïsme et d’un projet de loi nazie

1) Loi anti-missionnaire et conversion au judaïsme

Le 27 décembre l977, une loi dite anti-missionnaire a été adoptée par la Knesset. Elle stipule.

  1. Celui qui donne ou promet de donner de l’argent, un équivalent ou un autre avantage, comme appât à une personne pour qu’elle change de religion ou pour qu’elle induise une autre à changer de religion, est passible de cinq ans de prison ou d’une amende de 50’000 L.I.
  2. Celui qui reçoit ou accepte de recevoir de l’argent, un équivalent ou un autre avantage en échange d’une promesse de changer de religion ou pour induire une autre personne à changer de religion, est passible de trois ans de prison ou d’une amende de 30’000 L.I.

La formulation générale de cette loi laisse croire que le but recherché est d’empêcher l’incitation à la conversion, toute conversion, par l’octroi d’argent ou d’autres avantages. En réalité, cette loi vise à empêcher seulement la conversion du judaïsme au christianisme. La revue Proche-Orient chrétien écrit que le débat qui a précédé le vote de la loi fut un « festival anti-chrétien » où le projet de loi ne fut qu’un prétexte pour donner libre cours au ressentiment éprouvé à l’égard des chrétiens. Elle ajoute:

Le fait que la loi elle-même est peu précise, et que, durant sa discussion, on a entendu des déclarations qui n’étaient rien de moins qu’une incitation à la haine, indique de manière inquiétante la véritable intention de ceux qui ont présenté la loi: en faire une arme puissante dans leur campagne longue et de plus en plus radicale pour mettre fin à la présence des témoins de la foi chrétienne en Israël.

Commentant cette loi, Mgr Kaldani, vicaire patriarcal latin en Israël, dit:

Il est de l’essence de la loi de protéger avant tout le faible. On se demande si la nouvelle loi … protégera aussi les chrétiens vivant au milieu de la société juive, contre les pressions et les allèchements qui ont amené un nombre non négligeable d’entre eux à changer de religion contrairement à leurs convictions.

Lors de la discussion de cette loi, un député de la Knesset a déclaré: « L’Agence juive … est coupable d’employer des avantages matériels pour forcer les gens à se convertir au judaïsme. Les droits et avantages des immigrants sont offerts seulement aux juifs. Dans le cas de mariages mixtes dont la femme est non-juive, on est averti d’avoir à se convertir afin de se qualifier pour les droits et avantages ». Ce député a signalé que « chaque année des centaines de non-juifs adoptent le judaïsme contre quatre ou cinq juifs qui se convertissent au christianisme ».

Le Professeur Israel Shahak cite le cas suivant. Un rabbin de Jaffa nommé Hanannia Deri est employé, depuis 1967, par le rabbinat supérieur israélien (officiellement) et par les autorités militaires des territoires occupés (officieusement), pour retrouver dans la population les gens de sang juif et les ramener de force à leur religion ancestrale.

Une fille juive de Haïfa, Raya, mariée par force à un homme de 50 ans, s’échappa avec un jeune musulman pour vivre dans sa famille à lui à Jaffa. Par la suite, elle s’enfuit en raison de la guerre à Ramallah où elle épousa son fiancé; elle vécut là avec les deux enfants qui étaient nés, dans le quartier des réfugiés de Ramallah.

Dénoncée au rabbin Hanannia Deri en 1972, celui-ci est arrivé un matin au domicile de la famille dans une voiture de l’armée israélienne accompagné par des soldats en armes. Il donna l’ordre à Raya de l’accompagner à Haïfa où elle se trouva prisonnière dans la maison de son frère. Pendant ce temps, l’armée et la police israéliennes faisaient pression sur le mari. Le rabbin le pressa de divorcer ou de se convertir au judaïsme. On fit aussi pression sur ses deux enfants pour qu’ils se convertissent au judaïsme.

On ignore la suite de ce cas qui, selon Israel Shahak, est « l’un des 80 cas dont se vante le rabbin Deri ».

Il faut relever ici le cas des juifs mariés avec des chrétiens qui quittent les pays de l’Est. Convaincus que la future intégration, en Israël, de ces couples et de leurs enfants devait être conditionnée par la conversion au judaïsme des membres chrétiens de la famille, les émissaires de l’Agence juive ont cherché à faciliter cette conversion lors du passage des couples mixtes à Vienne, en Autriche. Une sorte de tribunal rabbinique y a été établi grâce auquel, par une méthode qu’on pourrait qualifier de judaïsme sans larmes, des dizaines de non-juifs sont devenus juifs.

Avec l’arrivée directe en Israël des juifs soviétiques, le problème des couples mixtes se pose d’une manière encore plus grave. Marion Sigaut écrit à cet effet: « J’ai entendu des dizaines et des dizaines de témoignages effrayants: enfants déculottés de force dans les écoles pour constater qu’ils ne sont pas circoncis, jets de pierres contre ceux qui portent une croix, renvoi du travail dès que leur non-judéité est connue, pressions pour les inciter au divorce ».

2) A propos d’un projet de loi nazie

Michael Eitan, député conservateur, a établi et diffusé à la Knesset une comparaison de textes entre le projet de loi proposé à la Knesset en septembre 1984 par le rabbin Meir Kahane, un fondamentaliste juif, et la loi proposée au Reichstag par Adolf Hitler en 1935. Nous nous limitons ici à reproduire les propositions du rabbin Meir Kahane qui ressemblent étrangement à celles de Hitler:

– Aucun non-juif ne résidera à l’intérieur de la ville de Jérusalem.

– Les non-juifs n’auront ni droits nationaux ni participation dans la vie politique au sein de l’Etat d’Israël. Un non-juif ne pourra  être nommé à aucun poste de pouvoir. Il ne sera pas admis à participer à des élections pour la Knesset ou pour tout autre organe étatique ou public.

– Il est interdit aux citoyens et résidants juifs, hommes et femmes, d’épouser des non-juifs, en Israël ou à l’étranger. De tels mariages mixtes ne sont pas reconnus devant la loi.

– Il y aura séparation absolue entre les établissements d’instruction juifs et non-juifs.

– Des relations sexuelles, complètes ou partielles, sont interdites entre citoyens juifs, hommes et femmes, et des non-juifs. Ceci comprend les relations hors mariage. Les violations seront sanctionnées de 2 ans d’emprisonnement.

– Un non-juif qui a des relations sexuelles avec une prostituée juive ou avec un mâle juif est passible de 5 ans d’emprisonnement. Une prostituée juive ou un mâle juif qui a des relations avec un homme non-juif est également passible de 5 ans d’emprisonnement,

– Les camps de vacances et toutes autres activités mixtes juifs-arabes seront abolis. Des programmes de visites entre élèves juifs et arabes dans leurs villages ou maisons respectifs seront abolis. Des voyages à l’étranger où un enfant juif est l’hôte d’une famille non-juive seront interdits comme des visites analogues en Israël par des non-juifs.

Certes, on peut arguer que la Cour suprême israélienne, le 18 octobre 1988, a qualifié le rabbin Meir Kahane de raciste et a interdit à son parti, Kach, de participer aux élections du 1er novembre 1988. On oublie cependant que la Knesset comprend toujours trois autres partis politiques qui partagent les opinions du rabbin Meir Kahane: Tehiya (3 sièges), Tsomet (2 sièges) et Moledet (2 sièges). On oublie aussi que certaines de ses opinions se retrouvent dans les programmes politiques du parti Likoud et du parti travailliste; ces deux partis refusent aux réfugiés palestiniens le droit de revenir dans leur pays parce qu’ils ne sont pas juifs.

Précisons aussi que Kahane a été soutenu par la haute hiérarchie religieuse israélienne comme l’ancien grand rabbin ashkenaze Shlomo Goren. Celui-ci s’était déclaré contre la loi anti-raciste, pourtant très formelle, parce qu’elle viserait à supprimer la démarcation entre les non-juifs et les juifs. Il s’oppose aussi, comme l’actuel grand rabbin ashkenaze, à la rencontre entre des jeunes juifs et des jeunes non-juifs.

Harkabi, professeur des relations internationales à l’Université hébraïque de Jérusalem, fait une analyse détaillée de l’idéologie du nationalisme religieux juif auquel appartient le rabbin Kahane.

Pour ce courant, la simple présence des arabes en Terre d’Israël fait d’eux des criminels. Il faut donc les expulser, voir les exterminer. Harkabi cite plusieurs rabbins israéliens pour qui la Bible commande de déposséder tous les habitants de la Terre d’Israël, et de les remplacer par les juifs. Selon ces rabbins, aucun non-juif n’a le droit de résider en Terre d’Israël, et moins encore à Jérusalem. Le maintien des non-juifs en Terre d’Israël est une transgression de la loi religieuse juive, une « profanation du nom de Dieu ». Les arabes sont assimilés à Amalek (Deut. 25:17-19). Le rabbin Yisrael Hess, aumônier du campus de l’Université de Bar-Ilan publia un article dans le journal des étudiants intitulé: « Le commandement de Génocide dans la Torah ». Il y dit qu’il viendra le temps où tous les juifs seront appelés à accomplir le commandement divin de détruire Amalek. Ce commandement exclut toute pitié et ordonne de tuer et de détruire même les enfants et les nourrissons. Ce rabbin invoque Maïmonide pour affirmer que le fait de tuer un non-juif ne transgresse pas le commandement: Tu ne tueras point; le fait que ce génocide ne dissuade pas certains milieux religieux extrémistes de faire appel au génocide des arabes assimilés à Amalek est incompréhensible pour moi. Certains diraient même qu’un tel appel au génocide est encore plus grave que le nazisme, puisqu’il vient après lui ».

Signalons ici que la Bible interdit le mariage mixte entre juifs et non-juifs. On y lit:

Lorsque Yahvé ton Dieu t’aura fait entrer dans le pays dont tu vas prendre possession, des nations nombreuses tomberont devant toi… Yahvé ton Dieu te les livrera et tu les battras, tu les dévoueras par anathème. Tu ne concluras pas d’alliance avec elles, tu ne leur feras pas grâce. Tu ne contracteras pas de mariage avec elles, tu ne donneras pas ta fille à leur fils, ni ne prendras leur fille pour ton fils. Car ton fils serait détourné de me suivre; il servirait d’autres dieux; et la colère de Yahvé s’enflammerait contre vous et il t’exterminerait promptement (Deutéronome 7:1-4).

Mais c’est dans les chapitres 9 et 10 du Livre d’Esdras qu’on trouve les normes les plus sévères contre les mariages mixtes qui ont pour résultat que “la race sainte” se mêle “aux peuples des pays”. Ceci est considéré comme une “infidélité” à Dieu (9:2). Ces normes auraient servi de modèle aux lois raciales promulguées par les nazis en 1935 visant à empêcher le mélange entre sang juif et sang allemand. Étant conformes aux normes bibliques en la matière, les juifs allemands, notamment les sionistes, n’y étaient pas opposés. Les autorités religieuses juives s’opposent encore aujourd’hui contre les mariages mixtes en Israël, et ceux qui veulent conclure de tels mariages doivent le faire à l’extérieur.

De temps à autre, les journaux publient des déclarations racistes de religieux juifs contre les Arabes et demandent leur expulsion. Ces déclarations sont faites en particulier par le grand rabbin Yosef Obadiah, de la communauté juive orientale d’origine marocaine. Ce dernier a décrit les Palestiniens comme des serpents, ajoutant que Dieu regrettait sa création du peuple palestinien. Bien sûr, ce rabbin n’a pas inventé de telles expressions, mais les a plutôt empruntées aux livres et aux enseignements religieux entre ses mains. Ce qui signifie que ces livres et enseignements religieux doivent être soigneusement examinés et filtrés pour détecter les concepts racistes qui corrompent l’esprit des responsables religieux et politiques israéliens.

Sami Aldeeb, dr en droit
Directeur du Centre de droit arabe et islamique https://www.sami-aldeeb.com
Mes ouvrages: https://sami-aldeeb.com/livres-books

Liste des localités palestiniennes détruites par Israël et dont les habitants ont été chassés pour le seul crime qu’ils ne sont pas juifs: https://goo.gl/7kfiWK

Discriminations contre les non-juifs en Israël: https://goo.gl/cDZ2Z4

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