Erreurs linguistiques du Coran: 7) Contradictions du Coran (article et vidéo)

Nous avons mentionné dans un précédent article
http://www.ahewar.org/debat/show.art.asp?aid=676207
que les erreurs linguistiques dans le Coran sont divisées en 11 catégories. Nous entendons par erreurs linguistiques celles qui ont un lien avec la langue du Coran, contrairement aux erreurs scientifiques, géographiques ou historiques. Nous parlons dans cet article de la septième catégorie d’erreur linguistique, à savoir les contradictions du Coran.

 

Sortes de contradictions

Le Coran dit:

Ne méditent-ils pas le Coran? S’il était de la part d’un autre que Dieu, ils y trouveraient beaucoup de divergence (4:82).

Commentant ce verset, l’exégèse de l’Azhar dit:

Ce Livre provient d’Allah à cause de la conformité qui existe entre sa signification et ses sentences qui se confirment mutuellement. Ceci est une preuve que ce Livre provient d’Allah: car, s’il provenait de quelqu’un d’autre, ses significations se contrediraient et ses sentences seraient totalement différentes les unes des autres.

Mais en réalité le Coran est plein de contradictions qui peuvent être classées en quatre catégories:

  • Contradiction sur le plan de l’orthographe: plusieurs termes dans le Coran sont écrits de différentes manières. Nous en avons parlé dans la deuxième catégorie d’erreur sous le titre: erreurs d’orthographe.
  • Contradictions sur le plan d’une ou de deux phrases avec le phénomène de l’énallage largement répandu dans le Coran et qui porte sur tous les éléments du discours: les prénoms (1ère, 2ème et 3ème personne), les trois temps de la langue arabe (présent, passé et impératif), le nombre (singulier, duel et pluriel), le genre (masculin, féminin et non-raisonnable غير عاقل). Nous en avons parlé dans la sixième catégorie consacrée à l’énallage.
  • Contradiction sur le plan des normes.
  • Contradiction sur le plan des récits.

Nous parlons dans cet article de ces deux dernières contradictions.

Contradiction sur le plan des normes

Le Coran a été révélé en 23 ans et a accompagné une société en mutation. Comme tout système normatif, il a subi des modifications. On parle d’abrogation النسخ, notion définie en droit musulman comme étant «l’annulation partielle ou totale de l’application d’une prescription de la shari’ah sur la base d’une indication postérieure annonçant explicitement ou implicitement cette annulation». La racine de ce mot en hébreu signifie détruire (on le trouve dans Dt 28:63; Proverbes 2:22 et 15:25; Ps 52:7). En langue arabe, il a le double sens de copier et de substituer une norme à la place de l’autre. Le premier sens se trouve dans deux versets mecquois (7:154 et 45:29), et le deuxième dans deux versets médinois (2:106 et 22:53). Ces deux sens sont une des raisons du débat autour du concept de l’abrogation connu dans tous les systèmes juridiques qu’ils soient d’origine religieuse ou d’origine positive. On utilise à cet effet un adage romain pour l’exprimer: Lex posterior derogat priori, (une loi postérieure abroge une loi antérieure). L’autre raison est d’ordre dogmatique: comment Dieu peut-il décider un jour une norme, et par la suite établir une norme contraire. Les adversaires de Mahomet l’accusaient de modifier les ordres donnés aux croyants pour servir ses propres intérêts. Ayshah, la femme favorite de Mahomet, lui reprochait de faire révéler des versets selon ses besoins: « Je vois que ton Seigneur se presse à satisfaire tes désirs ». C’est ainsi qu’il a aboli l’institution de l’adoption afin qu’il puisse épouser Zaynab, la femme de son fils adoptif Zayd, ce dernier l’ayant répudiée pour satisfaire le penchant de son père adoptif. Des versets coraniques ont été révélés pour répondre à ces accusations affirmant que c’est Dieu qui voulait ces changements:

Lorsque nous échangeons un signe par un autre, et Dieu sait le mieux ce qu’il fait descendre, ils disent: «Tu n’es qu’un fabulateur». ~ Mais la plupart d’entre eux ne savent pas (16:101).

Tout signe que nous abrogeons ou faisons oublier, nous apportons un meilleur que lui, ou un semblable à lui. ~ Ne sais-tu pas que Dieu est puissant sur toute chose? (2:106).

Mais d’autres versets semblent cependant dire le contraire, affirmant que les normes de Dieu sont immuables:

  • Nul changement aux paroles de Dieu (10:64, répété au verset 6:34)
  • La parole de ton Seigneur s’est accomplie en vérité et en justice. Nul ne peut changer ses paroles (6:115)
  • Le faux ne l’atteint ni par devant lui ni par derrière lui. Une descente de la part d’un sage, d’un louable (41:42)
  • Nul ne peut changer ses paroles (18:27)

Les exégètes et juristes musulmans répondent à une telle objection en disant que Dieu connaît les choses d’avance. Il établit des normes tout en connaissant qu’elles ont un caractère temporaire, et par la suite il établit d’autres normes en fonction du changement de la situation. En cela, le législateur divin diffère du législateur humain qui établit des normes, et par la suite il se rend compte qu’il s’est trompé, intervenant pour corriger son erreur initiale.

Les juristes musulmans modernes et récents ont consacré de nombreux ouvrages à l’abrogation et estiment que la connaissance de cette institution est primordiale pour la compréhension du Coran et, partant, pour occuper la fonction de juge et de mufti. Ils distinguent à cet effet entre différentes formes d’abrogations:

  • Un verset peut en abroger un autre, mais tous deux sont maintenus dans le Coran. On parle alors de l’abrogation de la norme et du maintien de la récitation. Ainsi le verset 2:115 relatif à la direction de la prière serait abrogé par le verset 2:144 qui fixe la direction de la prière vers la Kaaba.
  • Des versets normatifs auraient été révélés à Mahomet, ensuite ils auraient été remplacés par d’autres versets, avec un contenu différent. Mais ni les premiers ni les derniers n’ont été inclus dans le Coran. Ainsi, la révélation aurait comporté, selon le témoignage de ‘Ayshah, femme de Mahomet, un verset établissant l’interdiction du mariage entre parentés de lait s’il y a eu plus de dix tétées, chiffre ramené ultérieurement à cinq par un autre verset. Ces deux versets ont disparu du Coran, mais le dernier est toujours en vigueur. Elle dit que ce verset se trouvait sur un feuillet sous son lit, mais pendant la préparation de l’enterrement de Mahomet une chèvre est entrée et l’a mangé. Mais pourquoi alors on ne l’a pas ajouté au Coran?
  • Un verset révélé qui se trouve dans le Coran peut être abrogé par un verset qui a disparu du Coran. Ainsi le verset 24:2 prévoit 100 coups de fouet en cas de fornication. Ce verset se trouve toujours dans le Coran, mais il serait abrogé par un autre verset ne figurant plus dans le Coran rapporté par le Calife ‘Umar (assassiné en 644) et qui prévoit la lapidation pour ce délit.
  • Des versets ont été révélés à Mahomet, mais Dieu les lui a fait oublier. Ces versets, parfois transcrits par ses scribes, auraient été effacés par miracle, et ceux qui les avaient appris par cœur les auraient aussi oubliés par miracle. Le Coran se fait l’écho de ce phénomène (87:6-7 et 2:106).
  • Des versets sont révélés par le Satan, mais abrogés par Dieu. Ceci est indiqué dans le verset 22:52. Appartiennent à cette catégorie les fameux versets sataniques (titre de l’ouvrage de Salman Rushdie), remplacés par les versets 53:19-23 actuels.
  • Des versets du Coran sont abrogés par la Sunnah (tradition) de Mahomet. Ainsi le Coran dit: «Il vous est prescrit, lorsque la mort se présente à l’un de vous, s’il laisse des biens, le testament en faveur des deux géniteurs et des plus proches, selon les convenances. ~ C’est un devoir pour ceux qui craignent» (2:180). Ce verset aurait été abrogé par la parole de Mahomet: «Pas de legs pour un héritier».
  • Une parole de Mahomet est abrogée par un verset coranique. Ainsi, le pacte d’armistice signé entre Mahomet et La Mecque avant sa conquête comportait une clause selon laquelle Mahomet devait livrer tout homme qui se convertirait à l’islam pour le rejoindre. Cet accord a cependant été abrogé par le verset 60:10.
  • Abrogations multiples: un cas fameux est celui de l’interdiction de la consommation du vin, réglé progressivement par les versets 2:219, 4:43 et 5:90-91. Voilà donc trois versets coraniques s’abrogeant l’un l’autre, ne prévoyant aucune peine, et qui ont été abrogés (ou complétés) par un récit de Mahomet selon lequel il aurait flagellé le consommateur du vin.

La règle de base est qu’une norme postérieure abroge une norme antérieure en cas de contradiction entre les deux normes. Le problème avec l’abrogation est que le Coran n’est pas classé dans l’ordre chronologique, et on ne sait pas avec exactitude quel verset a été révélé en premier pour déterminer lequel de deux versets abroge l’autre en cas de contradiction. Et étrangement on trouve un verset abrogeant un verset postérieur dans le même chapitre. Ainsi le verset 33:5 dit:

Il n’est plus permis pour toi de prendre les femmes après [ce jour-ci], ni de les échanger contre des épouses, même si leur beauté t’étonne, sauf ce que ta main droite posséda. ~ Dieu était guetteur de toute chose

Ce verset serait abrogé par le verset 33:50 qui dit:

Ô Prophète! Nous t’avons permis tes épouses à qui tu as donné leurs salaires, ce que ta main droite posséda de ce que Dieu t’a attribué comme butin, les filles de ton oncle paternel, les filles de tes tantes paternelles, les filles de ton oncle maternel, et les filles de tes tantes maternelles qui avaient émigré avec toi. Et [nous t’avons permis] toute femme croyante si elle s’est donnée au Prophète, si le Prophète a voulu l’épouser, privilège dédié à toi, hors des croyants. [Nous savons ce que nous leur avons imposé au sujet de leurs épouses et de ce que leurs mains droites possédèrent, afin qu’il n’y ait aucune gêne sur toi.] ~ Dieu était pardonneur, très miséricordieux

Aujourd’hui encore, l’abrogation suscite beaucoup de controverses. Elle a coûté la vie au penseur soudanais Mahmud Muhammad Taha, pendu en 1985 par Numeiri. Taha avait défendu l’idée que la première partie du Coran révélée à la Mecque, plus ou moins tolérante, constitue le véritable islam, et que la deuxième partie discriminatoire et violente,  révélée après l’hégire, a un caractère conjoncturel. Par conséquent, selon Taha, la première partie abroge la deuxième partie.

Le principal problème posé par l’abrogation provient en fait de ce que les versets coraniques mecquois sont considérés comme abrogés par des versets coraniques médinois. Ceux qui voudraient donner une image favorable de l’islam se sentent alors contrariés. Tawfiq Hamid, activiste égyptien ex-frère musulman, n’hésite pas à qualifier l’abrogation comme étant « le plus grand crime dans l’histoire ».

Malgré le fait que les juristes musulmans classiques insistent sur l’importance de l’abrogation, il faut signaler qu’ils ne sont pas d’accord entre eux sur le nombre des versets coraniques abrogés. Ainsi, Ibn-al-Jawzi (décédé en 1200) indique 247 versets abrogés, alors qu’Al-Suyuti (décédé en 1505) ne compte que 22. Un auteur contemporain,  Mustafa Zayd, compile les versets abrogés selon les différents auteurs classiques et parvient à 293 versets abrogés, mais lui-même n’en retient que les six suivants. La divergence énorme entre les deux courants démontre que le Coran est un texte ambigu, ce qui constitue une erreur sur le plan du discours. Comment peut-il alors affirmer qu’il s’agit d’un livre manifeste? Voir à cet effet 5:15, 27:1, et 26:195.

Contradiction sur le plan des récits

Le Coran rapporte des récits des personnages bibliques de façon répétitive avec des différences et des contradictions en ce qui concerne le même récit. Il attribue à ces personnages et à Dieu des propos qui ne concordent pas. Ceci rappelle les récits des quatre Évangiles qui ne correspondent pas entre eux, avec cette différence que les récits du Coran se trouvent dans différents chapitres, alors que les récits des Évangiles se trouvent dans quatre textes. On peut à cet égard se demander pourquoi une telle divergence dans le même récit coranique. Est-ce qu’il existait différents corans qui ont été compilés en un seul? Où est-ce que l’auteur du Coran avait oublié ce qu’il avait dit dans les différents chapitres? Il serait intéressant d’établir un synoptique de ces récits coraniques comme cela fut fait pour les quatre évangiles, et de les comparer avec les sources qui les ont inspirés. Nous nous limitons ici à rapporter ce que dit le Coran concernant l’épisode de la parution de Dieu à Moïse dans le buisson ardent repris du Livre de l’Exode, chapitre 3.

Marie (44/19) Taha (45/20) Les fourmis (48/27) Les Narrations (49/28)
Lorsqu’il vit du feu, il dit à sa famille: «Restez. J’ai aperçu un feu. Peut-être vous en apporterai-je un tison, ou trouverai-je près du feu une direction!» (10) Rappelle] lorsque Moïse dit à sa famille: «J’ai aperçu un feu. Je vais vous en apporter une nouvelle, ou bien je vous apporterai un tison allumé. ~ Peut-être vous réchaufferez-vous!» (7) Lorsque Moïse eut achevé le terme et se mut avec sa famille, il aperçut un feu du côté du Mont. Il dit à sa famille: «Restez. J’ai aperçu un feu, peut-être vous en apporterai-je une nouvelle, ou un tison de feu. ~ Peut-être vous réchaufferez-vous!» (29)
Rappelle dans le livre Moïse. Il était un dévoué, et il était un envoyé, un prophète. Nous l’avons interpellé du côté droit du Mont, et nous l’avons fait approcher tel un confident (51-52). Lorsqu’il y est parvenu, il a été interpellé: «Ô Moïse! (11) Lorsqu’il y est parvenu, il a été interpellé: «Béni soit celui qui est dans le feu et qui est autour de lui. ~ Dieu soit exalté, le Seigneur des mondes! (8) Lorsqu’il y est parvenu, il a été interpellé de la rive droite de la vallée, dans le bas-fond béni près de l’arbre. (30)
Je suis ton Seigneur. Enlève donc tes sandales, tu es dans la vallée sacrée de Tuwa (12) Ô Moïse! C’est moi Dieu, le fier, le sage (9) «Ô Moïse! C’est moi Dieu, le Seigneur des mondes. (30)
Il dit: «Lance-le, ô Moïse!» Il le lança. Et le voilà un serpent qui s’empresse. Il dit: «Prends-le et ne crains pas. Nous le retournerons à son premier état (19-21). Lance ton bâton». Lorsqu’il le vit remuer comme un djinn, il tourna le dos et il ne se retourna plus. [Il a été interpellé:] «Ô Moïse! Ne crains pas. Les envoyés ne craignent pas par devers moi, ni celui qui a opprimé puis, après le méfait, l’a changé par un bienfait. ~ Je suis pardonneur, très miséricordieux (10-11) Lance ton bâton». Lorsqu’il le vit remuer comme un djinn, il tourna le dos et il ne se retourna plus. [Il a été interpellé:] «Ô Moïse! Avance et ne crains pas. Tu es des rassurés (31)
Serre ta main sur ton aile, elle sortira blanche sans mal. [C’est] un autre signe. [Nous l’avons fait] afin que nous te fassions voir certains de nos plus grands signes. Va chez Pharaon, car il a transgressé». (22-24) Fais entrer ta main dans la fente [de ta chemise], elle sortira blanche sans mal». [C’est un] des neuf signes à Pharaon et à ses gens. ~ Ils étaient des gens pervers». (12) Achemine ta main dans la fente [de ta chemise], elle sortira blanche sans mal. Serre ton aile par effroi. Voilà donc deux preuves de ton Seigneur pour Pharaon et ses notables. ~ Ils étaient des gens pervers». (32)

Nous donnons ici d’autres exemples de contradictions dans les récits:

Concernant le récit de Jonas,

68:49. Si une grâce de son Seigneur ne l’avait pas atteint, il aurait été jeté méprisé sur une terre nue.

Mais dans le verset 37:145. Nous le jetâmes alors sur la terre nue, malade.

Le Coran dit concernant Dieu:

73:9. Il est le Seigneur de l’orient et de l’occident. Il n’est de dieu que lui! Prends-le donc comme garant. (voir aussi 26:28)

55:17. Il est le Seigneur des deux orients et le Seigneur des deux occidents.

70:40. Et non! Je jure par le Seigneur des orients et des occidents que nous sommes capables

Concernant la destruction de ‘Ad, le Coran dit:

54:19. Nous avons envoyé sur eux un vent tumultueux, en un jour funeste et persistant

41:16. Nous avons alors envoyé sur eux un vent tumultueux, en des jours funestes, afin que nous leur fassions goûter le châtiment de l’avilissement dans la vie ici-bas. Le châtiment de la vie dernière cependant est plus avilissant encore. ~ Et ils ne seront pas secourus.

69:6-7. Quant à ‘Aad, ils furent détruits par un vent tumultueux, insolent, qu’il a soumis contre eux pendant sept nuits et huit jours décisifs. Tu y voyais alors les gens renversés, comme s’ils étaient des souches de palmiers vides.

Concernant la destruction des gens de Lot, le Coran dit que Dieu a fait pleuvoir sur eux une pluie (7:84); une pluie maléfique (25:40); des pierres d’argile superposées (11:82); des pierres d’argile (15:74); a fait descendre du ciel une abomination (29:34)

Concernant la création du Djinn, le Coran dit qu’il a été créé de feu (7:12) ou d’une fusion de feu (55:15).

 

Sami Aldeeb, dr en droit
Directeur du Centre de droit arabe et musulman https://www.sami-aldeeb.com
Traducteur du Coran en français, en anglais et en italien par ordre chronologique
Voir ses écrits: https://www.sami-aldeeb.com/livres-books

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